Elon Musk fait régulièrement part, lors de ses conférences, de son idée selon laquelle, pour survivre, notre espèce devrait devenir une espèce multi-planétaire. En 2016, c'est au cours du Congrès national d'Aéronautique que l'entrepreneur a dévoilé plusieurs facettes de sa stratégie pour coloniser Mars. Si Elon Musk veut aller sur Mars, la Russie veut faire mieux. Nous ne sommes plus en période de Guerre froide, et pourtant, il semblerait que la course à l'exploration spatiale continue.
La Russie veut faire mieux qu'aller sur Mars.
La Russie prévoit d'envoyer un module dont le moteur électrique serait alimenté par un mini réacteur nucléaire vers la grande géante gazeuse du système solaire, Jupiter, en 2030. Cette déclaration a été faite par Roscosmos, l'agence spatiale fédérale russe, qui a donné tous les détails, la semaine dernière (le 22 mai 2021 exactement), du plan de ce voyage titanesque.
Le directeur exécutif de Roscosmos a ainsi déclaré :
En collaboration avec l'Académie des sciences russe, nous effectuons actuellement des calculs sur la balistique et la charge utile de ce vol.
Un projet d'une si grande envergure a de quoi susciter l'étonnement, puisque la Russie vient d'annoncer vouloir aller plus loin que Mars dans sa quête d'exploration spatiale. Rappelons en effet que la distance Terre-Mars est d'environ 78 millions de kilomètres, alors que la distance minimale entre la Terre et Jupiter est de 591 millions de kilomètres.
Comment donc les Russes comptent-ils s'y prendre pour mener à bien pareille mission ? Nous faisons le point.
Comment peut-on s'y prendre pour aller jusqu'à Jupiter ?
D'après le plan de voyage qui a été révélé, le voyage d'une durée de 50 mois connaîtra quelques arrêts, notamment sur la Lune et Vénus, afin de déposer des engins spatiaux en cours de route. Le module spatial à propulsion nucléaire s'apparentera ainsi davantage à un "remorqueur spatial", équipé d'un module de transport et d'énergie nucléaire, baptisé Zeus.
Il se dirigera tout d'abord vers la Lune, pour y déposer un premier engin spatial, puis vers Vénus, afin d'effectuer une maoeuvre d'assistance gravitationnelle (nécessaire pour déposer un autre engin spatial). Enfin, Zeus prendra la direction de Jupiter. Le projet Zeus est un réacteur nucléaire qui utilisera les réactions de fission nucléaire pour alimenter la propulsion. Selon les médias russes, il s'agirait là d'un "projet secret en cours de développement depuis 2010", qui impliquerait un réacteur nucléaire de 500 kilowatts, et pesant environ 22 tonnes.
Pourquoi avoir fait le choix d'un réacteur nucléaire ?
Si la Russie a opté pour un vaisseau spatial à propulsion nucléaire, c'est vraisemblablement pour plusieurs raisons. Tout d'abord, durant la Guerre froide, la Russie a lancé plusieurs réacteurs nucléaires dans l'espace (notamment entre 1967 et 1988), et a donc plusieurs tests à son actif. De plus, les voyages spatiaux à l'énergie nucléaire présentent de nombreux avantages par rapport aux voyages à l'énergie solaire, puisqu'ils sont relativement bon marché, fiables, et peuvent générer une énorme quantité d'énergie.
La plupart des engins spatiaux utilisent pourtant des panneaux solaires, qui convertissent l'énergie du soleil en électricité. Cependant, plus un vaisseau spatial s'enfonce dans le système solaire, moins l'énergie solaire est disponible. Pour se rendre jusqu'à Jupiter, créer un engin ne fonctionnant qu'à l'énergie solaire aurait sans doute été beaucoup plus compliqué que créer un engin à propulsion nucléaire. Qui plus est, la propulsion nucléaire permettrait aussi d'effectuer des missions plus longues, puisque le réacteur Zeus est prévu pour durer de 10 à 12 ans (alors qu'un enfin spatial utilisant des panneaux solaires a une durée de vie plus courte).
Si tout se passe comme prévu, la mission devrait être lancée en 2030 depuis la base de Vostochny, au sud-est de la Sibérie, à bord du lanceur Angara-A5V.