Tiraillé entre le ton rassurant de Jerome Powell aux Etats-Unis et la crainte de tensions inflationnistes sur le Vieux Continent, le Cac 40 a opté pour la prudence. Côté valeurs, Pernod Ricard a signé un nouveau record tandis que le luxe est à la peine.
Après deux séances de hausse, la Bourse de Paris a fait grise mine, ce mercredi. Lesté par le compartiment du luxe, le Cac 40 a reculé de 0,91%, à 6.551,07 points, dans un volume de transactions de 3,06 milliards d'euros. Dans une note envoyée à ses clients, le broker HSBC estime que les valeurs du luxe pourraient « marquer une pause » après des valorisations record. Le broker a dégradé son opinion sur Kering, d'« achat » à « conserver », et sur Hermès, de « conserver » à « alléger ». Les deux titres ont fini en baisse de 2,95% et 1,47% respectivement. LVMH, lui, a lâché 1,78%.
A Wall Street, les grands indices résistent mieux : le Dow Jones est stable tandis que le Nasdaq Composite prend 0,2%.
Les investisseurs tentent d'évaluer les perspectives de reprise économique tout en s'interrogeant sur l'évolution de la politique monétaire des grandes banques centrales. Aux Etats-Unis, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a rassuré. Durant son audition devant une chambre du Congrès, il a indiqué que la Fed ne relèvera pas ses taux directeurs de manière préventive et ne réagira pas uniquement au seul risque de l'inflation. La situation sur le marché de l'emploi est toujours considérée comme déterminante. Ce « rééquilibrage » du discours a plu aux investisseurs. Dans la zone euro, l'inflation est bien en-deçà de ce qu'elle est outre-Atlantique, mais l'accélération de la croissance dans le secteur privé en juin - l'indice PMI IHS Markit Composite est au plus haut depuis juin 2006 - a ravivé les craintes d'une accentuation de la tension sur les prix dans les mois à venir. Le décalage entre l'offre et la demande va peser sur « le ‘pricing power' des entreprises, [ce qui] se traduira par une intensification des tensions inflationnistes au cours des prochains mois » commente Chris Williamson, chef économiste chez IHS Markit. Jack-Allen Reynolds, de Capital Economics, note pour sa part que les coûts de production ont atteint un record, « conformément à notre estimation que les prix à la consommation vont augmenter plus vite que certains prévisionnistes ne le pensent au second semestre ». Toutefois, il estime que l'inflation va retomber en dessous de l'objectif de la BCE l'année prochaine.
Pernod Ricard à la fête !
Sur le front des valeurs, Pernod Ricard a distillé de bonnes nouvelles. Le groupe de spiritueux, qui a inscrit un nouveau plus-haut historique à 187,60 euros, a relevé sa prévision de croissance du résultat opérationnel courant (ROC) pour l'exercice 2020-2021 de 10% à 16% à périmètre et taux de change constants. La raison ? Une reprise « plus soutenue que prévu ». La consommation à domicile est résiliente, celle dans les bars et les restaurants repart grâce au desserrement des contraintes sanitaires. Seul bémol, l'activité dans les aéroports reste très limitée.
EssilorLuxottica s'est lui aussi installé à un plus-haut historique. UBS a relevé son opinion sur le titre, passant de « neutre » à « achat ». Le géant de l'optique ophtalmique pourrait être tenté d'abaisser le prix de son offre sur GrandVision de 1 milliard d'euros, le jugement en sa faveur d'un tribunal arbitral lui laissant toute latitude pour renégocier le prix proposé de 7,3 milliards d'euros ou de retirer son offre, rapporte Il Sole 24 Ore.
Teleperformance a également signé un nouveau record en Bourse à 341,70 euros. Le spécialiste de la gestion externalisée du service client a finalisé le rachat de l'américain Health Advocate, qui intervient dans la gestion des données de santé.
Parmi les autres notes d'analystes, Société Générale a relevé sa recommandation sur le fabricant de tubes sans soudure Vallourec (+1,96%) de « conserver » à « achat » et son objectif de cours de 11,74 à 13,40 euros.