La Bourse de Paris n'aura pas eu, ce vendredi, l'énergie suffisante pour parcourir le peu de distance qu'il lui restait pour regagner ses sommets de septembre 2000. Sans le soutien de Wall Street, stable malgré la progression de Disney, le Cac 40 finit en très légère hausse, sous les 6.900 points, après une poussée à 6.913,67, à seulement 30 points de son record.
Le vendredi 13 n'aura pas porté chance au Cac 40 qui, après s'être approché à 0,45% de son record absolu de septembre 2000, finit en très légère progression de 0,2% à 6.896,04 points, dans un volume d'affaires une nouvelle fois très faible (2,26 milliards d'euros). Après avoir atteint 6.913,67 points au plus haut du jour, soit sa troisième meilleure performance de l'histoire (6.944,77 points le 4 septembre et 6.929,05 points le 5), il semble avoir été pris du mal des hauteurs, alors que les indices américains ont besoin de reprendre leur souffle au lendemain de leurs nouveaux records. Le Dow Jones évolue sur une note stable malgré le soutien de Walt Disney Company, en hausse de 3%, en réaction à la publication de ses comptes trimestriels à fin juin desquels il ressort une très forte croissance du nombre des abonnés pour son offre de streaming (en particulier pour Disney+) et un retour aux bénéfices de ses parcs d'attraction grâce à la réouverture de l'économie.
La confiance des ménages déçoit.
Le seul indicateur économique au programme du jour, à savoir l'indice de confiance des consommateurs aux Etats-Unis pour le mois en cours, a déçu. Calculé par l'Université du Michigan, il est ressorti en forte baisse à 70,2 points en août, bien en deçà de la stabilité à 81,2 points attendue par les économistes (consensus Bloomberg). Cette chute témoigne des préoccupations des Américains quant à l'aggravation de la situation sanitaire, avec la propagation rapide du variant Delta, d'après Andrew Hunter, économiste spécialiste des Etats-Unis. « La baisse globale est surtout due à une chute du sous-indice des attentes [celui de la situation actuelle s'est moins dégradé, tombant de 84,5 à 77,9], qui est passé de 79,0 à 65,2, son plus bas niveau en huit ans. Alors que le marché de l'emploi s'améliore rapidement et que la Bourse atteint un niveau record, cela montre clairement que la dernière vague de cas de virus pèse sur le sentiment, bien qu'environ 60% de tous les adultes soient désormais complètement vaccinés, explique-t-il. Certes, avec la recrudescence des cas, qui reste pour l'essentiel circonscrite aux Etats du Sud, où les autorités semblent peu enclines à réimposer des restrictions, il est peu probable que la dernière vague ait un impact aussi important sur l'économie que les précédentes. Néanmoins, le coup de pouce budgétaire étant désormais bien passé et la flambée des prix commençant à peser sur les revenus réels, la baisse de confiance est une raison supplémentaire de s'attendre à un net ralentissement de la croissance de la consommation au cours des prochains mois. » Sachant que la consommation compte pour plus des deux tiers du PIB.
Nouveau coup dur pour l'approvisionnement.
La pandémie continue par ailleurs de perturber l'offre et de freiner l'approvisionnement. En Chine, l'usine du monde, le port de Ningbo-Zhoushan, le troisième plus important de la planète en termes d'activité, a été fermé partiellement en raison de la découverte d'un foyer de coronavirus. D'après l'agence d'informations Reuters, quarante porte-conteneurs étaient en attente au port jeudi contre trente mardi, date à laquelle un travailleur a été testé positif. Le déroutage des navires vers le port de Shanghai y provoque une aggravation de la congestion, ce qui risque d'entraîner une nouvelle hausse des coûts de transport alors que les prix moyens des containers ont atteint récemment de nouveaux records (20.000 dollars pour un de taille standard de 40 pieds). L'agence Bloomberg rapporte que le port de Los Angeles se prépare d'ores et déjà à une nouvelle baisse des volumes, d'autant que la fermeture de celui de Ningbo-Zhoushan intervient un mois après qu'un typhon ait perturbé le port de Yantian, le troisième plus important en Chine après Shanghai et Ningbo-Zhoushan.
« L'inflation a été le principal thème de la semaine » en Bourse, résume Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank à Londres. Si l'indice des prix à la consommation n'a pas montré, mercredi, de nouvelle accélération dans la hausse aux Etats-Unis, « les prix à la production américains d'hier ont surpris à la hausse, soulignant les pressions inflationnistes continues dues à la hausse constante des coûts des matières premières et aux goulots d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement. »
Au Japon, le Premier ministre Yoshihide Suga a exhorté la population à limiter ses déplacements devant l'augmentation inquiétante du nombre de cas de contamination au Covid-19, qui asphyxie le système de santé. « Même dans un contexte de propagation rapide du variant Delta, les données vaccinales restent relativement rassurantes », rassure toutefois Terence Flynn, analyste chez Goldman Sachs Research. La croissance et les profits records enregistrés par les grandes entreprises de part et d'autre de l'Atlantique au deuxième trimestre continuent par ailleurs de porter les marchés d'actions, du moins tant que les banques centrales n'auront pas retiré leur plein soutien.
Dix entreprises du Cac 40 sur des records.
La Réserve fédérale américaine pourrait réduire ses achats d'actifs dès cet automne. En attendant, à la Bourse de Paris, LVMH et Kering ont visité de nouveaux sommets ce vendredi. Depuis le début du mois, elles sont dix entreprises du Cac 40 à avoir atteint des records (Hermès, L'Oréal, Teleperformance, EssilorLuxottica, Schneider Electric, Legrand, Michelin, Dassault Systèmes).
En dehors de l'indice phare parisien, Ipsen a chuté de plus de 12% après avoir annoncé le retrait de sa demande d'approbation aux Etats-Unis du palovarotène, son traitement expérimental de la fibrodysplasie ossifiante progressive, maladie de « l'homme de pierre ».