La France a multiplié les dispositifs de cessation anticipée d'activité pour encourager l'embauche de jeunes et lutter contre le chômage. Ils ont presque tous expiré du fait de leur coût élevé et du recul de l'âge de départ en retraite.
CPA, CATS, DRE ou encore PRP : dès les années 1960 et surtout durant la décennie suivante, l'histoire sociale française s'est nourrie de dispositifs de cessation anticipée d'activité dans le secteur privé avec participation de l'Etat, chacun affublé de son acronyme. Dans le cadre de politiques d'emploi dites « passives », ces dispositifs incitent les seniors à laisser la place aux jeunes, réduisant ainsi le chômage. Leur coût élevé a amené les différents gouvernements à en limiter l'accès à partir du milieu des années 1980, rappelle la Dares, la Direction statistique du ministère du Travail dans une note de 2019, la dernière publiée sur ce sujet.
La palme de la longévité revient à l'allocation spéciale du fonds national de l'emploi (AS-FNE), aussi dénommée « préretraite licenciement », créée en 1963 pour faciliter les restructurations qu'entraînait la modernisation de l'industrie. D'abord destinée aux travailleurs de plus de 60 ans (la retraite est alors à 65 ans) sans espoir de reclassement, ses conditions ont été durcies avec le temps, pour prendre fin en 2011. Ne restaient que 130 bénéficiaires en 2017, dernière année connue.
« Préretraite Unédic. »
A l'inverse, le contrat de solidarité, dans sa version préretraite démission, pour les plus de 55 ans, a disparu du paysage deux ans après avoir vu le jour en 1982. Trop cher. La variante préretraite progressive a eu plus de succès : prise en charge en totalité par l'Etat deux ans plus tard, elle s'est élargie en 1992 pour être abrogée en 2005.
Au milieu des années 1980 est apparu un autre dispositif visant non plus les salariés, mais les demandeurs d'emploi âgés, de plus de 55 ans alors. La « dispense de recherche d'emploi » leur assurait de toucher leur indemnisation chômage jusqu'à atteindre l'âge légal de départ en retraite, en n'étant plus comptabilisés comme demandeurs d'emploi. La suppression de la mesure, en 2011, a provoqué une hausse importante de leurs inscriptions à Pôle emploi.
Extinction progressive.
La réforme des retraites de 2003 - François Fillon est alors Premier ministre - fondée sur l'allongement de la durée d'activité et la création du départ anticipé pour carrière longue sonne l'extinction progressive de ces dispositifs.
« La fin des préretraites et de la dispense de recherche d'emploi, ainsi que la mise en place des différentes réformes des retraites ont été accompagnées d'une prise en compte des problématiques de santé au travail, de pénibilité et d'équité vis-à-vis des salariés ayant commencé à travailler très jeunes », indique la Dares dans sa note.
Le paysage s'est complété en 2012 d'un dispositif de départ avant l'âge légal pour les travailleurs handicapés ou ceux qui ont enduré des conditions de pénibilité marquées. C'est l'objet du compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P), devenu compte professionnel de prévention (C2P) à la faveur de la limitation par le gouvernement d'Edouard Philippe, du nombre de critères retenus.