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L'AIE et Oman étalent leurs désaccords sur la fin du pétrole


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L'agence internationale de l'énergie (AIE) avait averti en mai que le monde devrait renoncer dès à présent à tout nouveau projet pétrolier ou gazier pour espérer modérer le réchauffement climatique. Cette préconisation n'est pas au goût de tous les producteurs, en particulier du sultanat d'Oman qui a agité jeudi le spectre d'un baril à 200 dollars.

Mohammed ben Hamad al-Roumhi, ministre de l'Énergie et des ressources minérales du sultanat d'Oman, a répondu en critiquant jeudi les «recommandations unilatérales», lors d'un forum sur la transition énergétique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, que son pays coorganisait avec l'Agence. «Recommander que nous n'investissions plus dans de nouveaux projets pétroliers... je pense que c'est extrêmement dangereux», a déclaré le ministre de ce petit pays pétrolier du Golfe.

Un tiers du monde souffre du manque d'énergie
«Si nous cessons abruptement d'investir dans le secteur des énergies fossiles, alors il y aura une famine énergétique et les prix de l'énergie vont bondir». «La demande en pétrole et en gaz pourrait bien baisser, mais à court terme nous pourrions voir un scénario à 100 ou 200 dollars le baril», a-t-il ajouté.

«C'est très facile de rester dans notre zone de confort et de parler d'efficacité énergétique, de solaire et de renouvelables... et d'oublier qu'un tiers du monde souffre du manque d'énergie», a-t-il fait valoir.

«Dans ma langue maternelle, nous disons que les vrais amis disent l'amère vérité», a répondu le responsable turc, sans se départir de son ton diplomatique. «Voici l'amère vérité: les plus gros pays consommateurs sont en train de prendre des mesures, cela aura des implications sur la demande pétrolière et par conséquent sur les investissements», a-t-il asséné. «Des pays représentant 70% du PIB mondial se sont engagés à la neutralité carbone d'ici 2050.» La critique semblait adressée au directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol, qui avait évoqué en ouverture le besoin pour les pays de la région de se développer dans ces domaines.

Le ministre irakien des Finances, Ali Allawi, a pour sa part insisté sur la nécessité pour son pays de s'adapter au déclin du pétrole. «L'année dernière le Covid nous a donné un aperçu de ce qui pourrait se passer avec un effondrement de la demande», a-t-il souligné, en référence à la chute brutale des cours mondiaux. Les cours de l'or noir s'étaient effondrés jusqu'à devenir même brièvement négatifs au printemps 2020. Ils se sont depuis repris et stabilisés autour de 70 dollars le baril. «Nous avons une génération pour effectuer un changement structurel majeur et les trois à cinq prochaines années seront critiques pour un pays comme l'Irak», a estimé Ali Allawi.

Le ministre vient d'écrire avec Fatih Birol une tribune dans le quotidien britannique The Guardian, plaidant pour un «soutien international» pour les pays comme l'Irak, très affectés par le changement climatique mais dont l'économie dépend aussi lourdement du pétrole. Dans son scénario publié en mai, l'AIE prévoit d'ici 2050 une chute de la production pétrolière de 75% par rapport aux niveaux de 2020. Le pétrole et le gaz deviendront alors «de plus en plus concentrés dans un petit nombre de producteurs à bas coût». Un créneau donc très réduit mais qu'entendent bien occuper certains pays. «Même dans les scénarios de transition énergétique les plus ambitieux, le pétrole et le gaz seront nécessaires encore pendant de nombreuses décennies», a souligné jeudi Sultan Ahmed Al-Jaber, à la fois ministre et directeur général de la principale compagnie pétrolière des Émirats arabes unis (ADNOC).