L'ex-porte-avions "Foch", rebaptisé "Sao Paulo", a été vendu au Brésil en 2000 et doit être déconstruit en Turquie cette année.

Le Foch, le porte-avions français devenu brésilien en 2000, part pour la Turquie pour être déconstruit par un ferailleur. Mais un militaire turc propose de le rénover pour en faire un navire d'entraînement.
L'histoire du Foch se poursuit. Mis à flot en 1963 pour la Marine nationale, il a été vendu en 2000 à la marine brésilienne pour 12 millions de dollars. Rebaptisé "Sao Paulo", le porte-avions est devenu le plus important vaisseau de guerre brésilien, mais les réparations nécessaires pour le moderniser s'élevaient à 250 millions d'euros. En 2017, le Brésil a décidé de le réformer et depuis, a cherché à s'en débarrasser.

C'est finalement SÖK Denizcilik, un ferrailleur turc, qui vient d'en faire l'acquisition lors d'une vente aux enchères pour 1,6 million d'euros. Comme le signale OpexNews, qui a repéré cette affaire dans la presse brésilienne, l'ex-fleuron de la Marine nationale va donc traverser l'Atlantique en remorquage pour se rendre à Izmir d'ici au mois de juin.

Sur place, l'acheteur s'est engagé à le démanteler dans le respect des résolutions de l'Organisation maritime internationale (OMI) et les exigences de la Convention de Bâle. Il doit donc être découpé et son acier recyclé.

"Nous pourrions le rééquiper"
Mais, le site turc Aydinlik évoque une nouvelle mission pour l'ex-Foch qui fête cette année son 58e anniversaire.

Plutôt que le mettre en pièce, le contre-amiral Mustafa Cihat Yayci, ex-chef d'état-major de la marine turque, propose de "le rééquiper pour former du personnel de futurs porte-avions" turcs. Il explique que "ça permettrait de gagner du temps".

Cet officier, qui a été attaché de défense à l'ambassade de Turquie à Moscou, a démissionné l'an dernier de son poste de chef d'Etat-major, après avoir été accusé par le ministre de la défense d'être impliqué dans un appel d'offre. Mais il reste influent comme le signale Nemrod, un site de géostratégie. "Il est à l'origine du concept 'Patrie bleue', un programme politico-militaire qui préconise une protection agressive des frontières maritimes turques", indique Nemrod.

Ce ne serait pas un première, rappelle Aydinlik. En effet, un précédent a eu lieu avec le porte-avions ukrainien Varyag qui a démarré sa carrière dans la marine russe. Il a été vendu en 1998 pour 20 millions de dollars à une société de tourisme de Macao à la condition qu'il ne soit pas utilisé à des fins militaires. Il devait être transformé en casino.

Au final, il a été remis en état, rénové et armé pour devenir en 2011 le Liaoning, premier porte-avions chinois. Selon la presse russe, la société de tourisme aurait servi de "paravent" au gouvernement chinois. En 2019, la Chine a mis en service un second porte-avions, cette fois totalement made in China. Elle devrait mettre en service un troisième fin 2021.