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La « lanceuse d'alerte » de Facebook témoigne devant le sénat américain


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Frances Haugen, dimanche 4 octobre dans l'émission de télévision « 60 Minutes », durant laquelle elle a révélé son identité.



Frances Haugen, qui a quitté l'entreprise dans l'année, a transmis plusieurs milliers de pages d'études internes réalisées par Facebook à différents régulateurs américains. Elle s'exprimera mardi à partir de 16 heures.

Facebook « est devenu une entreprise valant mille milliards de dollars en faisant passer ses profits avant notre sécurité » : c'est le cœur du message que devrait tenter de faire passer mardi 5 octobre Frances Haugen, ex-employée de Facebook, lors de son audition devant la Commission du commerce du Sénat américain. « Le Congrès doit changer les règles du jeu pour Facebook et mettre fin aux dégâts que cause l'entreprise », écrit encore Mme Haugen dans les remarques préliminaires qu'elle lira cet après-midi, à partir de 16 heures, et dont le contenu a d'ores et déjà été rendu public.

Frances Haugen, qui a travaillé deux ans pour Facebook dans la division chargée de la lutte contre la désinformation, a quitté l'entreprise il y a six mois, en emportant avec elle plusieurs milliers de pages de documentation, principalement les résultats d'études menées en interne, qu'elle a transmises à la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse américaine, mais aussi à des élus, dont le sénateur Richard Blumenthal, critique régulier des grandes entreprises de la Silicon Valley, et des médias, dont le Wall Street Journal.

Se fondant sur ces fichiers, le Wall Street Journal avait publié, à la fin de septembre, une série d'articles accusant Facebook d'avoir tardé à agir ou ignoré les conséquences négatives provoquées ou accentuées par l'utilisation de ses services, en matière de diffusion de fausses informations ou de discours de haine. Facebook s'est vivement défendu, évoquant des documents sortis de leur contexte ou traités de manière dramatisée par le quotidien américain.

Instagram particulièrement visé par les élus américains.

Un dossier, en particulier, a concentré l'attention des élus américains : une série d'études réalisées par Facebook sur les utilisateurs adolescents d'Instagram, qui montrent notamment que, pour une partie des utilisatrices et utilisateurs, l'usage du réseau social peut accentuer les problèmes d'image de soi et de mal-être psychologique. C'est ce sujet, en particulier, qui doit être évoqué mardi par Mme Haugen devant les sénateurs américains, qui ont déjà auditionné sur le même thème la responsable de la sécurité de Facebook, Antigone Davis, jeudi dernier. Durant cette audition, Mme Davis a été mise en difficulté à de multiples reprises.

Le sénateur Blumenthal a d'ores et déjà annoncé qu'il comptait relancer un projet de loi encadrant très strictement l'utilisation des réseaux sociaux par les mineurs, notamment les données personnelles qui peuvent être collectées par des entreprises comme Instagram ou TikTok.

L'audition de Mme Haugen devrait avoir lieu vingt-quatre heures à peine après une panne majeure de Facebook, Instagram et WhatsApp, qui a rendu inaccessibles ces trois services pendant près de six heures à leurs quelque 3,5 milliards d'utilisateurs. Un blocage qui illustrait, indirectement, l'importance prise par les services de Facebook dans le monde entier, alors que d'autres régulateurs, dont le gendarme de la Bourse américaine, ont ouvert une enquête pour déterminer si le groupe est en situation de monopole ou de quasi-monopole sur certains marchés.