La sonde est partie samedi matin vers ces corps célestes situés dans l'orbite de Jupiter, résidus des matériaux qui ont formé les planètes il y a 4,5 milliards d'années.
La sonde Lucy, à Titusville (Floride), le 29 septembre 2021. Le lancement de l'engin spatial est prévu le 16 octobre 2021.
Elle s'appelle Lucy. En référence à la célèbre australopithèque vieille de plus de 3 millions d'années, dont le squelette fut découvert en Ethiopie en 1974 et qui délivra quantité d'informations sur les hominidés ayant précédé la naissance du genre Homo. En reprenant ce nom de Lucy pour sa nouvelle mission, la NASA espère que la sonde qui a décollé samedi 16 octobre à 11 h 34 (heure de Paris) du Centre spatial Kennedy (Floride) apportera elle aussi pléthore de nouvelles connaissances sur d'autres origines, plus lointaines, celles du Système solaire. En tout, le voyage de Lucy doit durer douze ans.
Ils s'appellent Hector, Achille, Priam, Patrocle... Nommés d'après les personnages de L'Iliade, ce sont les astéroïdes dits « troyens ». Se comptant par milliers, ils se répartissent en deux groupes situés dans deux endroits bien particuliers de l'orbite de Jupiter, les points de Lagrange L4 et L5.
Les lois de la gravitation font qu'en ces zones, qui représentent les sommets des deux triangles équilatéraux dont la base serait le segment Soleil-Jupiter, les attractions respectives de notre étoile et de la planète géante s'équilibrent. Il s'agit donc de havres de stabilité - ou de pièges si l'on voit les choses plus sombrement. L4 précède Jupiter de 60° dans sa révolution autour du Soleil tandis que L5 la suit de 60°.
Véritable odyssée
Plusieurs missions spatiales ont déjà pris des astéroïdes pour cibles mais aucune n'a jamais rendu visite aux troyens et Lucy constituera donc une grande première. Après son décollage, cet engin de 1,5 tonne (dont 771 kg de carburant) commencera une véritable odyssée dans le Système solaire. Elle aura tout d'abord, et par deux fois - en 2022 et en 2024 -, rendez-vous avec la Terre pour bénéficier d'un coup de pouce gravitationnel de notre planète, qui l'enverra vers L4.
Pendant ce trajet, le 20 avril 2025, elle croisera un représentant de la ceinture principale d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter, un gros caillou nommé Donaldjohanson... en hommage au paléoanthropologue américain qui codirigeait la mission ayant découvert l'australopithèque Lucy. La rencontre avec cet astéroïde sera l'occasion d'effectuer une répétition générale pour la sonde, qui emporte trois instruments : une caméra à très haute résolution et deux spectromètres pour déterminer la composition chimique des astres croisés.
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Lucy arrivera à L4 en 2027 et, le 12 août de cette année-là, survolera son premier troyen, Eurybate, un astéroïde d'une soixantaine de kilomètres de diamètre qui possède deux particularités : la première est d'appartenir à une famille de troyens issus d'une collision cataclysmique, la seconde d'être doté d'un petit satellite nommé Queta. De septembre 2027 à novembre 2028, Lucy rendra visite à trois autres astéroïdes, Polymèle, Leucos et Oros. Puis, la sonde, avec ses deux immenses panneaux solaires de plus de 7 mètres de diamètre, partira vers L5.