Quatre responsables biélorusses inculpés à New York après le déroutage d'un avion pour arrêter un journaliste d'opposition
Le 23 mai 2021, un vol commercial avait été dérouté vers Minsk pour capturer Roman Protassevitch. L'événement avait déclenché un tollé international et conduit l'Union européenne à imposer des sanctions à la Biélorussie.
La justice des Etats-Unis a annoncé, jeudi 20 janvier, l'inculpation de quatre responsables officiels biélorusses, accusés d'avoir fait dérouter en 2021 un vol commercial pour arrêter le journaliste d'opposition Roman Protassevitch, qui était à bord.
Selon un communiqué du procureur fédéral de Manhattan (New York), ils sont inculpés d'un « complot en vue de perpétrer un acte de piraterie afin de dérouter le vol Ryanair 4978 » du 23 mai 2021, qui reliait Athènes à Vilnius, vers l'aéroport de Minsk, « en réponse à une prétendue alerte à la bombe à bord de l'avion ».
Epaulée par le FBI et la police de New York, la justice américaine accuse, dans un communiqué commun, « les responsables gouvernementaux biélorusses Leonid Mikalaevich Churo, Oleg Kazyuchits », et deux autres, aux identités incomplètes ou inconnues, d'« avoir participé de manière centrale au complot ».
MM. Churo et Kazyuchits sont respectivement directeur et directeur adjoint de l'aviation civile biélorusse. Les deux autres sont des officiers des services de la sûreté d'Etat de la Biélorussie.
« En fuite »
Les quatre hommes résident en Biélorussie et sont considérés comme « en fuite » par la justice américaine. Le procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams, dénonce une « violation des règles internationales et du droit pénal américain, mais aussi la mise en danger de quatre Américains et d'autres passagers innocents », faisant référence aux personnes qui se trouvaient à bord de l'appareil.
Le 23 mai 2021, le président biélorusse Alexandre Loukachenko avait provoqué un tollé international en envoyant un avion de chasse intercepter le vol Ryanair FR4978. Prétextant de la présence d'une bombe à bord, le contrôle aérien biélorusse avait contraint l'appareil à atterrir à Minsk, afin d'arrêter au sol le journaliste dissident, Roman Protassevitch, et sa compagne, Sofia Sapega, qui se trouvaient à bord.
Dans leur communiqué, la justice fédérale et le FBI accusent les quatre responsables biélorusses d'avoir élaboré ce « projet de fausse alerte à la bombe ». Pour son directeur adjoint Michael Driscoll, « le FBI et [ses] partenaires étrangers continueront de tenir pour responsables ceux dont les actes menacent directement la vie de nos ressortissants et qui mettent en péril la stabilité de notre sécurité nationale ».
Contexte de tension internationale
En juin, tout juste un mois après le déroutage de l'avion, les pays occidentaux s'étaient coordonnés pour mettre la pression sur le président Loukachenko avec des sanctions individuelles et, première pour l'Union européenne (UE), des sanctions économiques. L'UE, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada avaient ensemble décidé de punir des dizaines de personnalités et des entreprises liées au pouvoir à Minsk.
Ces premières inculpations, jeudi, par la justice américaine ont été opérées dans un contexte de tension internationale extrême entre Moscou, soutien de la Biélorussie, et Washington, à propos de l'Ukraine.
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a encore prévenu, jeudi, que la Russie, qui a massé des milliers de soldats à la frontière ukrainienne, prenait le risque de raviver le spectre de la guerre froide, et l'a de nouveau menacée de représailles en cas d'incursion. Si Moscou dément tout projet d'invasion de l'Ukraine, le Kremlin insiste sur des garanties écrites pour sa sécurité, y compris sur la promesse que Kiev n'intégrera pas l'OTAN, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord.