En 1801, Albert-Mathieu Favier propose une première idée concrète, un tunnel foré composé de deux galeries superposées.
En 1802, le retour des guerres napoléoniennes met fin au projet.
Vers 1830, l'ingénieur français Aimé-Thomé de Gamond, surnommé le père du tunnel, consacre sa vie à ce projet. Il découvre une proximité géologique entre les bassins océaniques des deux pays, mais, avant de mourir dans l'oubli, il est écarté d'une première entreprise de construction, britannique et française, qui creuse de chaque côté presque deux kilomètres de galeries entre 1874 et 1883. Ces travaux prennent fin devant l'opposition des militaires des deux pays.
Un dessin de tunnel sous la Manche par Aimé-Thomé de Gamond, en 1850
En 1981, François Mitterrand prend le pouvoir en France. Des discussions concrètes au sujet du tunnel reprennent alors, et quatre projets sont soumis en 1985. Le président français et la première ministre britannique, Margaret Thatcher, choisissent l'Eurotunnel en 1986.
Un coût gigantesque, des travaux titanesques
Près de 200 banques, dont le quart proviennent du Japon, financent le tunnel, et la population peut y contribuer en achetant des actions.
Pendant 8 ans, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, la construction de la structure mobilise près de 13 000 ingénieurs, ouvriers et techniciens anglais et français. C'est 11 gigantesques foreuses, créées sur mesure, qui creusent 3 tunnels de 50,45 km, dont 37,9 sous le niveau de la mer, jusqu'à 75 mètres de profondeur. Coût total de la construction : 14 milliards d'euros.
Les conditions de travail sont comparables à celles d'une mine, avec leur lot d'humidité, de fraîcheur et de bruit dans un milieu enclavé.
Des ouvriers travaillent près d'un tunnelier de l'Eurotunnel en 1988.
Le 1er décembre 1990, les travailleurs français et britanniques se rencontrent. La poignée de main entre les ouvriers Philippe Cozette et Graham Fagg est historique.
« L'ouvrier français racontait qu'il n'aurait jamais cru que ce serait des ouvriers qui auraient été utilisés pour inaugurer ce moment historique, qui est le lien direct entre l'Angleterre et la France. Il était certain que ce serait des politiques, des personnalités publiques qu'on aurait choisies. »
Aujourdhui, le lien entre Calais dans le nord de la France et Folkestone dans le Kent anglais accueille 360 trains par jour, l'Eurostar relie les gares de Paris et de Londres en 2 heures 15, et les navettes transportent 180 voitures en 35 minutes de l'autre côté de la Manche.
https://www.youtube.com/watch?v=04FTLRzXGjw
Le côté sombre de l'Eurotunnel
Malheureusement, depuis la mise en service du train Eurostar, en 1994, quelques accidents sont survenus.
Le 18 novembre 1996, un incendie intoxique légèrement huit personnes. Un deuxième incendie se produit en 2008, ce qui mène en 2010 à l'installation d'un dispositif de lutte contre les incendies au coût de 20 millions d'euros.
En décembre 2009, l'hiver et le froid paralysent le train avec ses passagers sous la Manche pendant 13 heures, et en 2018, une panne électrique immobilise le train.
Un dernier épisode de l'histoire de l'Eurotunnel s'écrit depuis quelques années avec la montée en flèche des migrants clandestins qui tentent de l'emprunter en direction de l'Angleterre.