Emmanuel Macron a été réélu président de la République avec 58,8% des voix face à Marine Le Pen (41,2%) ce dimanche, selon les estimations de l'institut Ipsos-Sopra Steria. Il est le premier président de la Ve République réélu hors cohabitation.
Emmanuel Macron (LREM) a été réélu président de la République avec 58,8% des voix face à Marine Le Pen (RN) créditée de 41,2% des suffrages ce dimanche, selon les estimations de l'institut Ipsos-Sopra Steria pour Radio France, France Télévisions, France 24, La Chaîne parlementaire et Le Parisien. En 2017, Emmanuel Macron avait battu sa rivale du Rassemblement national par 66,1% des voix contre 33,9%. Battue pour la troisième fois, Marine Le Pen réalise toutefois le meilleur résultat jamais atteint par un candidat d'extrême droite à l'Élysée.
Premier président sortant reconduit hors cohabitation.
Donné de longue date favori à sa propre succession, Emmanuel Macron devient, à 44 ans, le premier président sortant reconduit hors cohabitation, depuis l'adoption du vote au suffrage universel direct en 1962. Il est aussi le troisième président de la Vème République à effectuer un deuxième mandat après François Mitterrand (1981-1995) et Jacques Chirac (1995-2007). La date de son investiture formelle n'est pas encore connue mais elle aura nécessairement lieu avant le 13 mai. Celle-ci devrait alors déclencher la démission de Jean Castex - pas avant le 1er mai, a prévenu Emmanuel Macron jeudi - puis la nomination d'un nouveau Premier ministre et la formation du gouvernement.
Après un premier quinquennat marqué par la crise des "gilets jaunes" et le Covid, le chef de l'État va notamment devoir relever le défi de l'inflation dans le contexte de la guerre en Ukraine. Durant la campagne il a promis de se renouveler en profondeur, tant sur la forme que sur le fond, indiquant notamment qu'il comptait nommer un Premier ministre "chargé de la planification écologique".
L'extrême droite au plus haut.
Arrivé au pouvoir il y a cinq ans "par effraction", selon ses propres mots, Emmanuel Macron poursuit sa trajectoire personnelle météorique, à la fois classique (ENA, inspection des finances, ministre de l'Economie...) et inclassable dans un paysage politique qu'il a dynamité. Mais lui qui avait promis au soir de sa victoire en mai 2017 de "tout" faire pour que les électeurs "n'aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes" n'a pas réussi à freiner la montée en puissance de Marine Le Pen.
La candidate du Rassemblement national, qui avait réuni 33,9% des voix en 2017, progresse sensiblement en améliorant son score de quelque huit points. La patronne du RN, qui est arrivée largement en tête aux Antilles et en Guyane, a énormément misé sur le pouvoir d'achat pour se démarquer, sera parvenue à lisser son image, sans rien céder à la radicalité de son projet sur l'immigration ou la sécurité. "Le résultat de ce soir représente en lui-même une éclatante victoire. Des millions de nos compatriotes ont fait le choix du camp national", s'est elle félicitée après l'annonce des résultats.
Une abstention en hausse.
Comme au premier tour, l'abstention, estimée à 28,2% par Ipsos-Sopra Steria, est en hausse. Un peu plus d'un électeur sur quatre a boudé les urnes.
L'abstention a gagné 2,5 points par rapport à il y a cinq ans (25,44%), et a augmenté de 1,7 point par rapport au premier tour du 10 avril (26,31%). Jamais une abstention aussi forte n'a été enregistrée à un second tour d'une présidentielle, à l'exception du record de 1969, quand les électeurs de gauche avaient, à l'appel du candidat communiste éliminé au premier tour, massivement refusé de choisir entre "bonnet blanc et blanc bonnet" (Georges Pompidou et Alain Poher).