Face à la pénurie d'huile de tournesol, les industriels ont été autorisés, pour six mois maximum, à changer la recette de leurs produits sans changer les emballages.
L'huile de colza ou l'huile de palme pourraient bientôt remplacer l'huile de tournesol. Face à la pénurie, les fabricants de produits alimentaires ont été autorisés samedi à changer la composition de leurs produits sans changer immédiatement les emballages. Tour d'horizon de ce qui pourrait attendre les consommateurs dans les supermarchés.
• Pourquoi manque-t-on d'huile de tournesol ?
L'Ukraine représente 50% des exportations mondiales d'huile de tournesol. Or, la guerre bloque une partie des exportations et, surtout, perturbe les semis. Les surfaces qui lui sont allouées pourraient être réduites de moitié, divisant d'autant la récolte à l'été. Et pour ce qui sera récolté, il faudra réussir à le faire sortir d'un pays dont les infrastructures ont été détruites en grande partie. La France produit bien sa propre huile de tournesol, mais les volumes ne sont pas suffisants pour contenter tout le monde.
• Que vont faire les fabricants ?
Pour éviter de paralyser les lignes de production et continuer d'approvisionner les rayons des magasins, les industriels agroalimentaires vont être contraints de diminuer la part de l'huile de tournesol dans la composition de certains produits, voire de la faire disparaître complètement, dans les prochaines semaines ou les prochains mois. L'huile de colza, l'huile d'olive et l'huile de palme pourraient jouer le rôle de remplaçantes - de même pour la graisse de coprah, issue de la noix de coco, dans une moindre mesure.
• Que va-t-il se passer dans les supermarchés ?
L'Etat a donné samedi son feu vert aux fabricants pour modifier la composition des produits utilisant de l'huile de tournesol, sans changer immédiatement les emballages. Pour cela, chaque fabricant devra déposer une demande de dérogation auprès de la DGCCRF qui pourra l'accorder pour une durée de six mois maximum et qui fera l'objet d'un réexamen au bout de trois mois. À l'issue de ce délai, par contre, les emballages devront être modifiés pour tenir compte de la nouvelle recette.
• Pourquoi ne pas changer dès maintenant les emballages ?
Face à l'épuisement des stocks de tournesol, ces changements de recettes vont intervenir rapidement. Impossible, pour les fabricants, de remplacer tous les paquets à la dernière minute pour mettre à jour la composition des produits. Il faut des mois pour le faire, et le temps manque - d'autant que le marché des emballages est, lui aussi, en tension. Surtout, en raison de l'imprévisibilité de la situation, les changements ne sont pas encore certains et pourraient évoluer au gré des stocks.
• Comment sera-t-on informé des changements de recette ?
Un fabricant aura deux mois, à compter de ce mardi 26 avril, pour signaler le changement de la composition de son produit. Cela devra être précisé sur le produit lui-même, à proximité de la date limite de consommation, via un sticker par exemple. Il faudra, au minimum, apposer la mention "DEROG", mais il ne sera pas obligatoire d'indiquer la nature du changement de recette. Par ailleurs, des affichages seront mis en place dans les rayons concernés, de même qu'aux caisses et à l'entrée du magasin.
• Et en cas d'allergènes ou d'OGM ?
Pas de panique pour les personnes allergiques. L'ajout d'un ingrédient susceptible d'être allergène, comme le soja ou l'arachide, aucun délai n'est accordé: le fabricant devra le signaler immédiatement sur le produit, de façon visible et lisible précise la DGCCRF, pour ne faire courir aucun risque aux consommateurs. Aucun délai non plus n'est accordé pour les produits qui ne respecteraient plus les mentions "sans huile de palme", "sans OGM", "nourri sans OGM", "issu de l'agriculture biologique".
• Quels produits seront concernés ?
Chips, sardines, pâtes à tarte, sauces, vinaigrettes, plats cuisinés, frites, petits pots pour bébé, nuggets, gâteaux, biscuits... La liste des produits qui contiennent de l'huile de tournesol est longue. Dans la pratique, le changement de recette ne sera pas forcément systématique et dépendra de chaque fabricant: une liste, mise à jour au gré des dérogations accordées, est disponible sur le site web de la DGCCRF. Elle recense les marques et les produits concernés ainsi que les changements apportés.