C'est l'actualité financière du moment que personne n'a pu manquer : Elon Musk a officiellement annoncé qu'il souhaitait racheter Twitter pour 44 milliards de dollars, et le conseil d'administration a accepté cette unique proposition en une dizaine de jours seulement ! Un séisme médiatique tant la chose s'est faite rapidement et tant le milliardaire semble gagner en influence. Mais si beaucoup de choses pourraient changer avec ce rachat de Twitter, il n'est pas impossible qu'Elon Musk décide tout simplement de faire marche arrière.
La fâcheuse tendance d'Elon Musk à s'emballer.
C'est probablement la raison la plus évidente pour beaucoup, mais Elon Musk est très versatile et peut changer d'avis d'un jour à l'autre sur certains sujets. Rappelons qu'en 2018, il avait évoqué "très sérieusement" sa volonté de fonder une entreprise de confiseries afin de concurrencer Warren Buffett, un autre milliardaire américain. Le projet n'a jamais vu le jour. En fin d'année dernière, Musk avait promis de verser 6 milliards de dollars à l'ONU, mais avait ensuite gagné du temps et tenté de prouver qu'il n'avait pas à le faire, avant de devoir céder. Et il ne s'agit là que de deux exemples parmi tant d'autres. Bref, il est possible qu'Elon Musk trouve un accord financier lui permettant de céder sa place après quelques mois.
Des question juridiques...
Même si Elon Musk est désormais propriétaire de Twitter, rien ne dit qu'il pourra mettre tous ces projets en place. Car des projets fous, il n'en manque pas. De la construction de tunnels d'Hyperloop à sa volonté d'aller sur Mars au cours de cette décennie, son ambition se heurte souvent aux réalités du terrain. Et parfois, ces réalités sont juridiques. Par exemple, plus tôt cette année, son entreprise SpaceX devait faire construire l'une des bases nécessaire au développement de Starlink près de la petite commune française de Gravelines, mais elle n'était pas parvenu à obtenir de permis de construire.
... qui risquent de peser sur la liberté d'expression voulue par Elon Musk.
Pour en venir au cas bien précis de Twitter, l'évolution la plus attendue suite au rachat est un retour à une plus grande liberté d'expression, qui ne permettrait par exemple plus de bannir des individus tels que Donald Trump. Mais ce que beaucoup craignent, ce sont les débordements que cela risque d'engendrer, notamment en facilitant les discours haineux. Plus tôt cette semaine, le commissaire de l'Union européenne a d'ailleurs déclaré que Twitter devrait contrôler les contenus illégaux ou préjudiciables et s'adapter à la législation européenne afin de ne pas avoir de problèmes avec la justice.
Des conséquences néfastes sur Tesla.
L'entreprise d'Elon Musk spécialisée dans la production de voitures électriques et autonomes a vu son action chuter en bourse de plus de 10 % depuis le rachat de Twitter. Il faut dire que les investisseurs ont de quoi être inquiets, puisque le milliardaire qui fêtait ses 50 ans l'année dernière a décider de mettre en caution des actions du groupe automobile afin de financer son deal avec l'entreprise. Concentrer tous ses efforts sur la société à l'oiseau bleu tout en délaissant les autres ne semble donc pas être une bonne idée.
Le problème chinois.
Enfin, puisqu'on parle de Tesla, évoquons donc la Chine, l'un des pays les plus importants pour la firme automobile fondée en 2003. C'est en effet de là-bas que proviennent un quart de ses revenus, mais c'est aussi là-bas que sont produites la moitié des voitures Tesla. Or, le gouvernement chinois et Twitter ne sont pas particulièrement amis-amis, d'autant plus lorsqu'il s'agit de liberté d'expression. Rappelons que lors des manifestations pour l'indépendance de Hong-Kong, le réseau social permettait au peuple de s'exprimer librement, là où WeChat, très populaire en Chine, était soumis à la censure. De son côté, Pékin n'hésitait pas à utiliser Twitter pour sa propagande. De là à penser que le pays pourrait faire pression sur Elon Musk - et donc Tesla - s'il continue à faire de la liberté d'expression son cheval de bataille, il n'y a qu'un pas.
Rappelons tout de même que toutes ces raisons n'indiquent en aucun cas qu'Elon Musk compte revenir sur sa décision de "posséder" Twitter : il s'agit d'éléments qui pourraient faire réfléchir le milliardaire à deux fois avant d'entreprendre d'autres actions sur des coups de tête.