Cette fois, Air France-KLM a décidé de laisser la crise derrière elle ! La compagnie aérienne franco-néerlandaise a annoncé, mardi 24 mai, le lancement d'une augmentation de capital de 2,25 milliards d'euros. L'opération sera l'occasion d'une révision du tour de table d'Air France-KLM. La France et les Pays-Bas, détenteurs respectivement de 28,6 % et de 9,3 % des parts, devraient conserver leur position.
En revanche, les deux compagnies aériennes, l'américaine Delta Airlines (5,8 %), et la chinoise China Eastern (9,6 %), devraient voir leur participation diluée dans le nouvel ensemble. Cette baisse se fera au profit du nouvel entrant, l'armateur français CMA CGM, qui s'est engagé à prendre jusqu'à 9 % du capital d'Air France-KLM. Il investira en échange jusqu'à 400 millions d'euros et deviendra le troisième actionnaire du groupe.
Avec cet argent frais, la compagnie « affectera environ 1,7 milliard d'euros » au remboursement des obligations souscrites par l'Etat, tandis que « le solde viendra réduire l'endettement net » de l'entreprise, qui a atteint 7,7 milliards d'euros fin mars. L'opération consacre, in fine, la prééminence de la France dans la compagnie aérienne et la marginalisation des Pays-Bas.
Consolidation du secteur
En février 2019, le gouvernement néerlandais avait mené un raid hostile et surprise pour égaler le niveau de participation de la France, alors calé à 14 %. Une manœuvre qui lui aura coûté cher et qui aura été totalement effacée par la crise liée au Covid-19. Désormais recapitalisée, l'entreprise dirigée par le canadien Ben Smith peut reprendre sa marche en avant. La survenue soudaine de la pandémie, en 2020, avait plombé les finances de la compagnie aérienne, qui avait cumulé des pertes de près de 11 milliards d'euros.
Pour échapper à la faillite, Air France-KLM a dû en passer par certaines concessions, notamment aux autorités de régulation de l'Union européenne. La compagnie a été conduite à abandonner un certain nombre de créneaux de décollages et d'atterrissages à Paris-Orly, un aéroport au nombre de slots limités. Air France a aussi dû supprimer certaines liaisons domestiques, à moins de deux heures trente en TGV, au nom de la protection de l'environnement.
Un moindre mal, car ces destinations étaient fortement déficitaires. Plus gênant pour sa bonne marche, le groupe s'était engagé à ne pas prendre plus de 10 % du capital d'une autre compagnie tant qu'il n'aurait pas remboursé au moins 75 % des aides qu'il a perçues. Un véritable handicap à l'heure où la consolidation du secteur du transport aérien a démarré, marquant ainsi la fin de la crise.
Air France, autrefois partenaire historique d'Alitalia, aimerait prendre part au tour de table d'ITA, la nouvelle compagnie italienne bâtie sur les décombres d'Alitalia. Une opération qui lui permettrait de conserver la main sur le troisième marché en Europe continentale. A l'ouverture des marchés financiers, l'opération ne semblait pas recueillir l'assentiment des investisseurs, et l'action Air France-KLM perdait 5,5 % .