Allumez la clim' dès que le mercure grimpe est un réflexe contre-productif qui réchauffe l'atmosphère. Mais d'autres astuces plus écolos existent pour se rafraichir.
CANICULE- Climatisation naturelle. Votre corps va subir les chaleurs extrêmes qui s'abattent en France à partir de ce mercredi 15 juin et il est nécessaire de le soulager. Les vagues de chaleur peuvent mettre à rude épreuve votre cœur et vos reins, alors Le HuffPost vous donne quelques conseils pour vous baisser votre température corporelle. Sans pour autant faire grimper celle de la planète, comme vous l'explique la vidéo en tête d'article.
Le premier réflexe quand les températures montent en flèche est d'allumer la climatisation. Bien que la clim' contribue à prévenir les décès dus à la chaleur, ses effets rebond peuvent être contre-productifs. Un système de climatisation fonctionne en effet comme une pompe à chaleur qui prélève de l'air chaud à l'intérieur pour le rejeter à l'extérieur, au risque de créer des îlots de chaleur. De plus, les climatiseurs rejettent des fluides frigorigènes, qui contribuent “fortement à l'émission de gaz à effet de serre”, explique l'Ademe.
La climatisation est même responsable de 5% des émissions de CO2 du secteur du bâtiment. En cause, des épisodes de chaleur de plus en plus fréquents entraînant une augmentation de l'équipement des ménages, passé de 14% en 2016 à 25% en 2020, selon l'Ademe. Un constat qui ne va pas aller en s'améliorant alors que le consensus scientifique est clair: le changement climatique va continuer de provoquer des températures record, plus fréquentes, plus intenses et plus durables.
Le ventilateur plus que le climatiseur
En clair, les systèmes de climatisation réchauffant l'atmosphère ne sont pas une solution viable sur le long terme pour faire face aux canicules. C'est pourquoi des chercheurs se concentrent de plus en plus sur des moyens écologiques et financièrement accessibles pour prévenir les maladies et les décès dus à la chaleur. L'une des solutions avancées est de privilégier au maximum les ventilateurs plutôt que le climatiseur.
Les ventilateurs augmentent en effet la circulation de l'air sur la peau, ce qui favorise l'évaporation de la transpiration et permet de rester au frais, explique Ollie Jay, directeur de l'incubateur de recherche sur la chaleur et la santé de l'université de Sydney pour la revue scientifique Yale Climate Connections. Il conseille même de régler son climatiseur à une température plus élevée, pour qu'il se mette en marche lorsque la température de la pièce dépasse les 27-28°C.
Le scientifique a effectué des tests dans une chambre climatique créant les conditions de deux épisodes de chaleur mortelle (celui de Chicago en 1995, et de l'Europe de 2003). Ses résultats montrent que l'utilisation de ventilateurs est efficace pour les adultes en bonne santé de moins de 40 ans lorsque les températures restent inférieures à 39°C. En revanche, pour les personnes âgées et celles souffrant de problèmes de santé, le ventilateur est à éviter au-dessus de 37°C à l'extérieur.
Refroidir son intérieur
Après avoir installé un ventilateur dans votre salon, d'autres astuces existent pour garder un intérieur frais sans avoir recours à la clim'. La stratégie consiste à empêcher la chaleur d'entrer en journée et de capter la fraîcheur la nuit.
Le jour, fermez les fenêtres et les volets pour faire barrage aux rayons du soleil. Ne laissez pas non plus vos portes ouvertes, pour ne pas faire circuler l'air chaud d'une pièce à l'autre. Au contraire, dès que la nuit commence à tomber et les températures à descendre, ouvrez grand les fenêtres pour faire passer des courants d'air frais.
Sur le long terme, pour faire face aux nombreuses vagues de chaleur, l'Ademe conseille de réaliser une isolation par l'extérieur pour les murs et d'isoler la toiture. Un logement bien isolé laisse moins vite entrer la chaleur en été et le froid en hiver. Les végétaux sont aussi de super alliés pour l'isolation. Un arbre devant une baie vitrée, ou des plantes grimpantes près de vos fenêtres créent de l'ombre et filtrent les rayons du soleil.
Autre levier d'action, la conception des bâtiments et la question des modes de construction et des matériaux, notamment leur couleur. S'il fait 26°C, “une toiture foncée pourra atteindre jusqu'à 80°C, la même toiture en couleur claire plutôt 45°C, et la même végétale ne montera pas au-dessus de 29°C”, explique l'ingénieure urbaniste à l'Ademe Amandine Crambes, sur BFMTV.
Quête des lieux végétalisés
Si votre logement n'est pas adapté aux fortes chaleurs, cherchez les forêts, les bois, ou les parcs en ville. Les plantes rafraîchissent l'atmosphère grâce à l'évapotranspiration : l'eau qu'elles puisent par les racines est rejetée par les feuilles sous forme de vapeur d'eau. Un chêne peut transpirer jusqu'à 1000 litres d'eau par jour selon l'Office national des forêts (ONF), pour un effet des plus rafraîchissant.
Mais cette quête des végétaux est beaucoup plus difficile en ville. Des chercheurs appellent d'ailleurs à végétaliser les zones urbaines dans les années à venir. “Les villes sont des ilots de chaleur, qui la conservent à cause du manque de végétaux, de l'activité humaine et des bâtiments”, déplore Yamina Saheb autrice du Giec contactée par Le HuffPost.
Faute d'arbres, abritez-vous dans un lieu frais comme un cinéma, une bibliothèque municipale, supermarché, musée... Oui, ce sont des endroits climatisés, mais c'est toujours mieux que d'acheter en urgence un climatiseur pour un usage personnel. Dernier recours, cherchez votre oasis, une piscine ou un point d'eau par exemple, et mouillez-vous le corps, “au moins le visage et les avant-bras”, précise sur son site Santé Publique France. Des gestes simples, efficaces et durables.