L'hiver à venir risque d'être difficile sans gaz russe et avec de nombreux réacteurs nucléaires à l'arrêt. Pour faire face à la situation, le gouvernement a présenté jeudi 6 octobre son plan de sobriété énergétique. Une série de mesures, concernant tous les secteurs de l'économie ainsi que l'administration publique et les ménages, ont été annoncées. Conscientes des enjeux, de nombreuses entreprises françaises s'engagent déjà vers la sobriété énergétique, comme le groupe La Poste.
Jeudi 6 octobre, le gouvernement a présenté une feuille de route qui doit permettre à la France de passer l'hiver sans coupures d'électricité : le plan de sobriété énergétique. La raréfaction du gaz en Europe liée à la guerre en Ukraine et la baisse de production d'électricité nucléaire sur le territoire font que l'Hexagone pourrait manquer d'énergie à l'approche de la période hivernale.
Pour faire face à cette situation, tout en accélérant la transition énergétique, le gouvernement vise une réduction de 10% de la consommation d'énergie en France. L'exécutif mise sur la « responsabilité » de chacun plutôt que sur la contrainte pour répondre à cet objectif. Il demande également aux services de l'Etat d'être « exemplaires » sur ce sujet.
Parmi les principales mesures annoncées par le gouvernement, on retrouve entre autres une campagne de communication baptisée « Chaque geste compte ». Lancée le 10 octobre, elle met l'accent sur plusieurs gestes qui peuvent faire la différence (limitation du chauffage à 19 °C, baisse de la température du chauffe-eau à 55 °C, achat de thermostat programmable, décaler l'usage des appareils énergivores aux heures creuses, éteindre les appareils...).
Ce plan de sobriété énergétique s'intéresse aussi à la mobilité et invite les Français à privilégier le covoiturage. Afin d'encourager cette démarche, le gouvernement promet un bonus financier (environ 100 euros) à tous les nouveaux utilisateurs qui s'inscrivent sur une plateforme de covoiturage. L'Etat demande aussi à ses agents conduisant une voiture de fonction d'être « exemplaires », en limitant leur vitesse à 110 km/h sur l'autoroute. Objectif : économiser 20% de carburant.
Le gouvernement souhaite également valoriser le télétravail afin de fermer le plus souvent possible les bureaux et réduire ainsi la consommation d'énergie. De plus, l'exécutif compte limiter l'usage de l'éclairage sur la voie publique, qu'il s'agisse des lampadaires ou des enseignes. Cela représente en effet un poste de dépense important pour les collectivités (environ 30% de leur facture d'énergie). Plusieurs pistes sont explorées pour réduire la consommation énergétique : extinction des feux au milieu de la nuit, réduction de l'intensité lumineuse, installation d'éclairages LED automatisés...
Le plan de sobriété a également évoqué la problématique des bâtiments. Premier axe : accélérer la rénovation des bâtiments publics pour qu'ils consomment moins d'énergie, en mettant l'accent sur les petits travaux dits « à gain rapide ». Une enveloppe supplémentaire de 150 millions d'euros va ainsi être débloquée. Le gouvernement veut aussi supprimer l'obligation de l'eau chaude dans les bureaux. Enfin, les bureaux ne devront pas être chauffés à plus de 19°C, comme le prévoit le Code de l'énergie depuis 2016.
Le gouvernement demande aussi aux entreprises d'être exemplaires et de se mobiliser pour réduire leurs factures énergétiques. Elles sont donc invitées à signer une charte constituée de 15 mesures à mettre en œuvre pour lutter contre le gaspillage, mieux gérer la consommation, soutenir la mobilité durable ou encore repenser l'organisation du travail. En vrac, on retrouve dans cette charte des engagements sur l'éclairage intérieur la nuit, l'isolation des bâtiments, la baisse de la température des locaux, l'usage du Wifi plutôt que des forfaits mobiles au bureau...
De nombreuses entreprises françaises souhaitent contribuer au plan de sobriété énergétique du gouvernement. Nombre d'entre elles sont en effet déjà engagées dans une stratégie de décarbonation, comme le groupe La Poste. L'entreprise à mission va même accélérer sa stratégie verte et renforcer son plan de sobriété énergétique, ambitions inscrites dans son plan stratégique « La Poste 2030, engagée pour vous ».
Son plan de sobriété énergétique renforcé se décline en 4 axes. Premièrement, réduire les consommations énergétiques des infrastructures et des véhicules. La Poste souhaite réduire la température dans ses locaux, accélérer sur l'éclairage LED, remplacer ses systèmes de chauffage en fuel et au gaz, rénover ses passoires énergétiques, décarboner totalement sa flotte automobile ou encore planifier des plages de consommation selon les recommandations Ecowatt.
Le deuxième axe consiste à impliquer les collaborateurs du groupe et ses filiales, avec des consignes simples. La Poste va par exemple continuer de former à l'éco conduite et sensibiliser les collaborateurs à l'impact des usages numériques (formation aux éco gestes) sur la consommation énergétique globale.
Le groupe français entend également assurer la continuité des activités postales dans un contexte de tensions énergétiques. C'est la raison pour laquelle il a créé en 2012 une cellule de veille « énergie ». La Poste a également mis en place des plans d'actions complémentaires en cas d'alerte rouge et des plans de secours en cas de délestage de la part du réseau RTE.
Enfin, le quatrième axe mise sur le collectif. « Le groupe La Poste veut mettre à disposition du collectif ses savoir-faire et son organisation afin de réussir l'enjeu de mobilisation de tous sur le sujet de l'énergie », indique l'entreprise dans un communiqué. La Poste souhaite que son réseau sensibilise un grand nombre de Français sur la question énergétique, les bons gestes ou encore les comportements à adopter lors des alertes RTE.