Plusieurs façons de payer : en se procurant un badge de télépéage, sur internet en renseignant son immatriculation et ses coordonnées bancaires ou via les bornes installées au bord de l'autoroute.
Attention à ne pas oublier de payer : les automobilistes vont devoir s'organiser s'ils veulent éviter une amende pour emprunter l'A79, première autoroute payante sans barrière de péage de France, qui ouvre vendredi dans l'Allier. Existant depuis longtemps à l'étranger, ce type d'autoroutes en « flux libre » est appelé à se généraliser dans les prochaines années, l'autoroute de Normandie étant la suivante sur la liste.
Les usagers pourront circuler à la vitesse autorisée, sans ralentir ni s'arrêter en passant sous des portiques dotés de caméras et de capteurs qui identifieront leur véhicule. Ils auront ensuite plusieurs façons de payer, explique Pierre Méau, directeur clientèle adjoint des Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR), le groupe qui a transformé 88 kilomètres de la nationale N 79 - dangereuse, mais gratuite - en autoroute payante, l'A 79, entre Montmarault (Allier) et Digoin (Saône-et-Loire).
90 euros d'amende si on ne paie pas dans les 72 heures.
La solution la plus simple est de se procurer un badge de télépéage classique, quel qu'en soit le fournisseur. On pourra aussi payer sur le site de la nouvelle autoroute, soit en enregistrant une fois pour toutes son numéro d'immatriculation et ses coordonnées bancaires, soit en réglant chaque passage. Dernière possibilité : 16 bornes au bord de l'autoroute permettront de payer par carte ou en espèces.
« Le client a 72 heures pour régler son trajet », souligne Pierre Méau. Faute de quoi une amende de 90 euros viendra s'ajouter au montant du péage, et même 375 euros sans règlement dans les soixante jours. L'exploitant aura accès au fichier des plaques d'immatriculations européennes.
Allant de pair avec le développement du numérique et des paiements en ligne, l'adoption du flux libre était demandée par l'État quand il a sélectionné APRR (une filiale d'Eiffage) pour construire l'A 79. Toutes les nouvelles structures suivront ce modèle comme la future A 69 entre Toulouse et Castres.
Un système répandu à l'étranger.
Le système est assez répandu dans de nombreux pays, entre Johannesburg et Pretoria en Afrique du Sud, autour de Toronto au Canada, sur les autoroutes urbaines de Santiago du Chili, dans de nombreux États américains, sur l'Autostrada Pedemontana Lombarda près de Milan en Italie, sur de nombreux axes routiers en Norvège, sur la moitié des autoroutes portugaises ou encore pour entrer dans Göteborg ou Stockholm en Suède.
En France, la Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France (Sanef) a transformé en laboratoire l'échangeur de Boulay-Moselle, sur l'autoroute A 4, en y supprimant les barrières physiques en 2019. Malgré quelques incidents au départ, « le système a démontré sa fiabilité et les clients se sont familiarisés avec ce nouveau système de paiement », assure son directeur général Arnaud Quemard. La Sanef a donc entrepris de convertir au flux libre l'autoroute de Normandie, qui voit passer 32 000 voitures par jour.
Moins d'arrêts, moins de bouchons.
« Sur l'A 13 et l'A 14 entre Paris et Caen, il y a cinq barrières, avec un trafic domicile-travail assez fort et des pics de week-end importants. À chaque barrière de péage, c'est un arrêt avec potentiellement des bouchons », expose Arnaud Quemard.
Ces barrières seront progressivement remplacées par des portiques entre la mi-2024 et la mi-2025. « L'objectif est de redresser l'autoroute », en rendant à la nature 28 hectares - l'équivalent de 40 terrains de football - actuellement occupés par les gares de péage, précise-t-il. Il promet aussi des gains de temps, des économies de carburant et des réductions des émissions de CO2 dans l'atmosphère.
L'investissement est évalué à environ 120 millions d'euros, en partie couvert par une modeste hausse annuelle des péages. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, passer au flux libre ne fait pas faire des économies. « Aujourd'hui, sur le péage en Normandie, on a environ 150 collaborateurs. Pour exploiter la même autoroute en flux libre, on en aura besoin d'à peu près 300 », qui s'occuperont surtout des relations avec les clients, indique Arnaud Quemard.
« Nous avons un énorme enjeu de reconversion de notre personnel, et nous avons garanti à tous nos employés du péage que nous leur trouverions un emploi adapté », souligne-t-il.
Parmi les prochaines autoroutes à basculer vers le flux libre, l'Autoroute blanche (A 40) en Haute-Savoie que la société Autoroutes et Tunnel du Mont-Blanc (ATMB) entend convertir « à moyen terme », citant comme raison la qualité de l'air dans la vallée de l'Arve.