Une enseignante d'espagnol de 50 ans du lycée Saint-Thomas d'Aquin de la ville des Pyrénées-Atlantiques a été poignardée par un élève ce mercredi matin. Le jeune homme, âgé de 16 ans, a été interpellé. Il souffrirait de troubles psychologiques.
C'est la première fois qu'un enseignant est tué dans le cadre de sa fonction en France depuis l'assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020. Une professeure d'espagnol du lycée catholique privé Saint-Thomas d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) a été mortellement poignardée ce mercredi matin par un élève.
A la mi-journée, les élèves de cet établissement catholique privé et sous contrat sortaient progressivement de l'établissement, souvent attendus par leurs parents. Tel Laurent, père de deux adolescents de 11 et 14 ans scolarisés en classe de 6e et 4e : «Quand j'ai appris la nouvelle sur mon téléphone, j'ai été extrêmement choqué et je suis venu immédiatement», affirme-t-il auprès de l'envoyée spéciale de Libération. Les élèves - environ un millier - ont d'abord été confinés dans leur classe au cours de la matinée, et certains d'entre eux ne connaissaient pas les raisons de cette évacuation. «Il se passe quoi, il y a quelqu'un qui est mort ?», demandaient certains d'entre eux. Baptiste et Gabriel, des lycéens de 15 et 16 ans, témoignent : «On était en cours d'histoire quand on est venu nous dire que c'était un exercice et qu'il fallait qu'on reste dans la classe. Toutes les fenêtres ont été fermées. On a appris ce qui s'est passé par les réseaux sociaux.»
Les faits.
Selon le témoignage d'un élève recueilli par France Bleu Pays basque, l'agresseur se serait levé en plein cours, tenant une arme blanche cachée dans du papier. Il aurait d'abord bloqué la porte de la salle avant de se diriger vers l'enseignante et de la poignarder d'un coup en pleine poitrine, avec une lame d'une longueur de 10 cm, selon BFMTV. Les autres élèves se sont alors enfuis de la classe.
L'adolescent serait ensuite sorti de la pièce, toujours armé, pour se réfugier dans une salle de cours voisine. C'est alors le professeur présent dans la classe qui l'aurait pris en charge, parvenant à lui enlever le couteau des mains et à discuter avec lui avant l'arrivée des forces de l'ordre. Il a alors été interpellé. Après son passage à l'acte, il a été placé en garde à vue au commissariat de Saint-Jean-de-Luz et sera examiné par un médecin.
A 11 heures 30, le parquet a confirmé la mort de la professeure âgée 50 ans, décédée des suites de ses blessures mortelles infligées au sternum.
Le suspect.
L'élève serait âgé de 16 ans, et scolarisé en classe de seconde. Il souffrirait de problèmes psychologiques. Avant de passer à l'acte, l'adolescent aurait tenu des propos incohérents, disant avoir entendu des voix. Il assurerait aussi avoir été «possédé», selon des sources proches de l'enquête.
L'adolescent était inconnu des services de police. Le procureur de Bayonne, Jérôme Bourrier, a été saisi, ainsi que les services de la police judiciaire de Bordeaux. Une conférence de presse est prévue dans l'après-midi.
Les réactions.
Quelques minutes après la nouvelle, le ministre de l'Education nationale Pap Ndiaye a annoncé qu'il se rendait sur place. Il est attendu en début d'après-midi au Pays basque. «Immense émotion suite au décès aujourd'hui d'une professeure au lycée Saint Thomas d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz. Mes pensées pour sa famille, ses collèges et ses élèves. Je me rends sans délai sur place», a écrit le ministre de l'Education nationale sur Twitter.
Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, en ouverture de la conférence de presse suivant le Conseil des ministres, a tenu à saluer la mémoire de l'enseignante. Il a apporté son «soutien à la communauté éducative dans son ensemble incluant les enseignants, les directeurs d'établissements [...], les parents d'élèves» : «J'imagine à peine le traumatisme que ça peut représenter, localement et plus généralement à l'échelle de la nation.»
Interviewé par BFM TV, le député Modem des Pyrénées-Atlantiques Vincent Bru, s'est dit «horrifié» et «atterré». Il a déploré l'événement tragique, arrivé dans une «circonscription qui n'est pas connue pour être violente», dans un établissement «réputé à Saint-Jean-de-Luz pour la qualité de l'enseignement». «Je pense à tout le corps enseignant, qui doit être effrayé par cette nouvelle», a-t-il ajouté.