La nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet (au centre), lors du dernier jour du 53e congrès de la CGT, à Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme), le 31 mars 2023.
Agée de 41 ans, la première femme à accéder au poste de secrétaire générale du syndicat était à la tête, jusqu'à présent, de la CGT-Cadres. Elle a annoncé vendredi qu'elle participerait à la réunion à Matignon avec les autres syndicats, le 5 avril.
Pour la première fois, une femme accède au poste de commandement de la CGT. Sophie Binet a été élue, vendredi 31 mars, secrétaire générale, à l'issue du 53e congrès de son syndicat, qui s'est déroulé à Clermont-Ferrand dans un climat extrêmement tendu. Un tel choix constitue une surprise, car elle n'était pas en lice pour succéder à Philippe Martinez au commencement des retrouvailles de la famille cégétiste, dans le chef-lieu du Puy-de-Dôme.
Trois autres personnalités étaient dans la course, dont Marie Buisson, considérée comme la candidate favorite de M. Martinez et qui avait été adoubée par l'équipe de direction sortante. Mais celle-ci a été écartée par le comité confédéral national (CCN), le « parlement » de la CGT, qui réunit les fédérations et les unions départementales.
La tâche de la nouvelle dirigeante s'annonce plus qu'ardue : elle va devoir s'employer à recoller les morceaux d'une organisation qui se déchire à ciel ouvert depuis des mois, les échanges lors du 53e congrès ayant été particulièrement virils.
Les premières initiatives qu'elle va prendre vont être guettées avec beaucoup d'attention par le gouvernement mais aussi par les autres centrales de salariés, avec lesquelles la CGT s'est coalisée dans une intersyndicale pour réclamer, depuis deux mois et demi, l'abandon de la réforme des retraites.
L'une des questions qui se posent est de savoir si cette alliance restera aussi solide qu'à l'époque où M. Martinez était numéro un, celui-ci ayant marché main dans la main avec les autres leaders confédéraux - en particulier avec Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT.
Après la proclamation des résultats du scrutin dans la Grande Halle d'Auvergne, à la périphérie de Clermont-Ferrand, Mme Binet a prononcé un discours qui, d'emblée, s'est placé sous le signe de l'apaisement et de la réconciliation. « On a vécu un congrès difficile, compliqué », parfois même « violent », a-t-elle déploré, en indiquant que de tels excès n'ont pas leur place « dans nos rapports militants ». Une allusion aux incidents et aux empoignades qui ont émaillé le 53e congrès.
Dès l'ouverture des travaux, lundi 27 mars, une altercation s'était produite à cause d'un litige sur la désignation de délégués issus de la fédération du commerce. Le lendemain, un énorme coup de tonnerre a retenti, synonyme de camouflet pour l'équipe sortante : le rapport d'activité, qui retrace les réalisations du syndicat au cours de la période récente, a été repoussé par un peu plus de 50 % des suffrages. Une gifle pour M. Martinez et un fait exceptionnel - peut-être sans précédent - dans l'histoire de la confédération.