Au-delà des qualités intrinsèques d'un film, qu'est-ce qui peut expliquer son échec ou non au box-office ? Certes les critiques et le bouche-à-oreille peuvent pousser des spectateurs potentiels à se rendre au cinéma ou, à l'inverse, à rester chez eux. Mais des raisons plus profondes existent également, et nous allons tenter de comprendre de quoi il s'agit.

Le cinéma n'est pas mort, mais...

Soyons clairs d'entrée de jeu : non, le cinéma n'est pas mort. Non, son déclin n'est pas tel qu'il risque de disparaître dans les prochaines années. Et oui, certains longs-métrages rencontrent encore un énorme succès lors de leur diffusion dans les salles obscures, si bien qu'il affolent les compteurs et explosent le box-office. Il suffit de citer le cas du film Super Mario Bros. et son milliard de dollars largement dépassé au box-office pour s'en convaincre. Plus récemment, Spider-Man : Across the Spider-Verse, avec ses 600 millions de dollars engrangés à travers le monde, a lui aussi prouvé que les films d'animation pouvaient plaire, et que le concept de Multivers pouvait être mieux utilisé que dans le MCU.

Néanmoins, ces films, et bien d'autres, n'auraient-ils pas pu connaître un succès encore plus grand ? Et même les films taclés par la critique tels qu'Ant-Man 3, Fast X ou encore The Flash n'auraient-ils pas pu mieux fonctionner ? Après tout, bien qu'il ne s'agisse pas de grands films, ils restent des blockbusters, des films dans lesquels d'énormes sommes d'argent sont investies et qui, en l'occurrence, sont destinés à un public extrêmement large. Seulement voilà, aujourd'hui, beaucoup de personnes n'ont pas envie de faire le déplacement, beaucoup n'ont pas envie de payer plus de 10 euros leur place, et même Hollywood semble s'auto-saboter.

Vers des films toujours moins rentables ?

Comment expliquer que certains films qui ont pourtant tout pour plaire, sur le papier, finissent par échouer au box-office ? La raison qui est probablement la plus évidente est le fait qu'aujourd'hui, consommer du contenu vidéo, et en particulier des films et séries, est devenu bien plus facile. Les plateformes de streaming sont légions, et la concurrence est si rude que celles-ci sont obligées de proposer des offres de plus en plus alléchantes, avec des prix toujours plus intéressants. C'est d'autant plus vrai depuis que Netflix a mis en place une formule d'abonnement avec publicités à prix réduit, que même Prime Video compterait adopter. En sachant que les excellents téléviseurs proposant un confort maximal (4K, Dolby Atmos...) se démocratisent à vitesse grand V, difficile de se motiver à sortir de chez soi alors que l'on peut profiter de milliers de films avec une qualité visuelle et sonore optimale. Au final, même les séances en IMAX finissent pas ne plus se montrer si intéressantes que cela, surtout qu'il faut se presser pour en profiter : rarement un film ne reste diffusé plus de deux semaines dans une telle salle. Et encore faut-il avoir l'argent pour s'y rendre.

Et là vient justement la question du prix : quand payer une dizaine d'euros, voire moins, permet d'avoir accès à un catalogue aussi riche que varié depuis sa télévision, son ordinateur ou son smartphone, pourquoi s'embêter à aller au cinéma ? Aujourd'hui, sans réductions liées à l'âge, au fait d'être étudiant ou membre d'un CE, une seule place de cinéma vaut autant  - voire plus - qu'un mois d'abonnement à une plateforme de streaming !

Enfin, comment ne pas mentionner la concurrence qui fait rage dans l'industrie du cinéma, et en particulier à Hollywood ? Aujourd'hui, les films se bousculent au portillon. Les blockbusters laissent place au blockbusters, qui eux-mêmes cèdent leur place à d'autres... Quand il ne sortent pas tous en même temps. Même des grands noms tels que Tom Cruise s'agacent de cette situation, la star de Mission Impossible : Dead Reckoning voyant son film être privé de diffusion en IMAX au profit d'Oppenheimer de Christopher Nolan. C'est comme si les longs-métrages qui sortaient au cinéma n'avaient pas assez de temps pour eux, se faisant systématiquement voler la vedette par un autre film très attendu, sans avoir dévoilés leur plein potentiel. Le problème, c'est que se faisant, Hollywood s'auto-sabote : si les films qui y sont produits n'ont pas le temps d'être rentabilisés, son système économique ne peut être viable sur le long terme.

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Evidemment, toutes ces raisons ne signifient pas que certains films ne méritent pas leur petit flop au box-office. Les sagas qui durent trop dans le temps, telle que Fast and Furious, semblent commencer à lasser une grande partie du public. Et heureusement que les critiques et autres avant-premières permettent aussi de savoir s'il faut dépenser son argent pour aller voir tel ou tel film, certains se révélant parfois, il faut le dire, véritablement mauvais. Et dans ce cas, leur échec au box-office est tout simplement mérité.