En Amérique, certains projets ne passent parfois malheureusement pas le cap de la censure, et peuvent donc voir leurs potentielles recettes lourdement impactées. C'est ce qui vient de se produire pour Passages, une romance dont la sortie dans les salles obscures françaises remonte au 28 juin dernier.
Un véritable coup de massue.
Visiblement, personne ne s'attendait à cette "punition"... En effet, le journal Variety rapporte que la société MUBI, qui distribue le long-métrage dans le pays, n'a pas l'intention de prendre en compte la sentence, qui interdit formellement le visionnage du film à toute personne âgée de moins de dix-sept ans, et ce, malgré la présence d'un adulte accompagnateur. L'entreprise se dit "profondément déçue" de la décision du comité, annonçant donc "rejeter" cette dernière. De fait, le film devrait malgré tout sortir sans qu'aucun changement n'ait été apporté à sa version finale. Initialement diffusé lors du célèbre festival de Sundance, Passages est mis en images par un certain Ira Sachs, déjà aux commandes de Love Is Strange et Keep the Lights On. Au Los Angeles Times, ce dernier déplore également pareille nouvelle. Plus encore, il assure que le fait d'altérer les scènes présentes dans le film ne saurait que créer une œuvre très différente de l'originale. Si le récent Infinity Pool a, de son côté, connu un nouveau passage par la case montage pour échapper à l'interdiction, le cinéaste ne compte nullement altérer son œuvre. D'autant que, de son point de vue, les scènes de sexe ont une véritable profondeur :
Chaque scène sexuelle est, à mon sens, un chapitre dans le film [...] Je trouve que proposer des scènes de sexe intéressantes est particulièrement difficile.
Très touché, il qualifie l'interdiction de "réactionnaire" et "déprimante", épinglant au passage une "forme de censure culturelle qui s'avère être assez dangereuse".
Une française en tête d'affiche.
Ironiquement, Passages est porté par la talentueuse Adèle Exarchopoulos, qui n'en est pas à son premier projet retoqué. En effet, le film qui l'a véritablement révélée, à savoir La Vie d'Adèle, avait à l'époque écopé d'une interdiction similaire : il faut reconnaître que les séquences charnelles entre la jeune femme et sa partenaire de jeu, l'excellente Léa Seydoux, y étaient ô combien explicites - et longues -, sans doute bien plus que celles de Passages. À l'époque, les deux interprètes avaient d'ailleurs critiqué les méthodes du réalisateur du film, dont la vision et le rapport au tournage de ce type de scènes avaient largement fait parler...
Le drame intime épinglé par le comité narre une histoire d'amour, celle de deux hommes qui vivent ensemble depuis plus de quinze ans. Seulement, leur relation est mise à mal quand une femme rentre dans leur vie. Ainsi, Tomas (Franz Rogowski) cède à son désir pour Agathe et tous deux entament une liaison. Si le personnage ne cache nullement cet écart à son partenaire, Martin (Ben Whishaw), cette nouvelle dynamique va indéniablement bouleverser leur existence commune. Sorti il y a quelques semaines en France, Passages divise la critique comme les spectateurs. Si beaucoup louent le long-métrage - et notamment la beauté de ses scènes intimes -, d'autres lui reprochent un manque de profondeur et d'équilibre.