Alors que la grève des scénaristes se poursuit à Hollywood, Disney et Marvel font l'objet de graves accusations de la part de figurants recrutés sur la série WandaVision. Si leurs propos sont avérés, nous comprenons pourquoi de nombreux acteurs, écrivains ou encore réalisateurs se battent contre l'intelligence artificielle au sein des grosses productions...

WandaVision : la production Marvel accusée d'avoir créé des doublures numériques des figurants.

Depuis le mois de mai 2023, de nombreuses productions sont à l'arrêt. En cause ? La seconde conséquente grève des scénaristes, après celle de 2008. Les écrivains, ainsi que les acteurs, militent pour une revalorisation de leurs salaires, des meilleures conditions de travail, mais aussi pour un encadrement de l'utilisation des intelligences artificielles. Comme vous l'a teasé I, Robot ou de multiples épisodes de Black Mirror, l'IA peut s'imposer comme sévèrement menaçante pour les humains.

La preuve en est avec ce qu'il s'est passé sur le tournage de la série WandaVision, sortie en janvier 2021 sur la plateforme de streaming Disney+. Comme le relate NPR, une douzaine de figurants pointent du doigt la production de la série pour avoir "scanné" leur image numérique sans leur avoir expliqué quelle en serait l'utilisation ni les avoir rémunérés davantage pour cet immense service.

À titre d'exemple, Alexandria Rubalcaba, une actrice de 47 ans, a été engagée pour 187 dollars la journée. Après être passée dans une caravane spécialement aménagée pour ce genre de scan, elle était certainement loin d'imaginer que son image pourrait être réutilisée en illimité ou durant de nombreuses années, dans WandaVision ou autres productions. Elle explique avoir pensé que ce scan servait à multiplier les figurants présents dans la foule en arrière-plan de certaines scènes, étant donné que le tournage a eu lieu en pleine pandémie de Covid-19. Elle se rappelle avoir posé dans différentes positions et avoir enregistré plusieurs expressions faciales devant la machine.

Aujourd'hui, elle s'inquiète grandement de savoir ce que Marvel et Disney feront de son image : "Que se passera-t-il si je refuse d'apparaître dans MarioVision ou SarahVision ?J'ai peur que les intelligences artificielles de ce genre finissent par tuer le métier d'acteurs d'arrière-plans. Ils n'auront bientôt plus du tout besoin de nous."

Les acteurs principaux craignent aussi de devoir "jouer" des personnages à l'infini.

Dans leurs combats, les membres du syndicat de grève vont tenter de répondre à cette question : combien de temps ces doublures faites d'effets spéciaux pourront-elles être utilisées ? Il est naturel de penser qu'elles pourront entraîner une baisse conséquente de travail pour ces acteurs de plans secondaires. Ces problématiques ne concernent pas que les figurants mais aussi les acteurs principaux. Samuel L. Jackson, dont l'image numérique a été enregistrée par les mêmes studios, craint aussi de se voir indéfiniment dans la peau de Mace Windu pour Star Wars et en Nick Fury pour Marvel, sans tourner de nouvelles scènes.

Donald Glover, le nouvel interprète de Lando Calrissian, a fait part des mêmes peurs à l'idée de "jouer" ce personnage à l'infini, même après sa mort, après avoir accepté de créer sa propre doublure numérique lors du tournage de Solo : A Star Wars Story. Pour éviter ce genre de problèmes, Robin Williams, décédé en 2014, avait été avant-gardiste. En effet, il avait fait inscrire dans son testament l'interdiction que son image soit utilisée dans des films, séries et/ou publicités jusqu'à 25 ans après sa disparition.