La ville ronde Abbasside de Madinat al-Salam, Baghdad.
Reproduction de la ville ronde de Bagdad (Madina al-Salam) fondé par le deuxième calife abbasside Abu Jafar al-Mansur en 762 JC.
La Ville ronde de Bagdad (appelée aussi : La Cité de la Paix, en arabe : Madinat-As-Salam) est une ancienne ville située dans l'actuelle partie ouest de Bagdad. Elle a été construite entre 762 et 912 après J-C. Dans son territoire est incluse la Maison de la Sagesse.
À l'époque, le califat venait de vaincre les Umayyads et le calife Abbasside Abu Jafar Al Mansur avait l'intention de construire une ville parfaite de laquelle il gouvernerait l'empire islamique. Il repère une site 30km au nord de Sassanid, la capitale de Ctesiphon, au bord de la rivière Tigre.
Pour la construction de sa nouvelle capitale, il engage les astronomes ainsi que les artisans les plus qualifiés de tout l'empire Abbasside. La nouvelle ville a été construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Elle représentait un jalon dans l'histoire de l'urbanisme, la naissance d'une ville qui deviendrait assez rapidement un archétype culturel et une représentation emblématique de la civilisation humaine.
Plan de Bagdad entre 150 et 300 de l'hégire.
Dès sa construction, la ville s'annonçait comme une ville grandiose. Le Bagdad des Abbassides est une ville parfaitement ronde de quatre kilomètres de diamètre avec quatre portes gardées par des sentinelles : Bab Echam, Bab Khorassane, Bab Bassora et Bab Al Koufa.
Elle est également protégée par un fossé de vingt mètres de large et une double enceinte circulaire. La première muraille a une hauteur de 17m et une épaisseur de 5m, et la deuxième fait 14m de haut et 4m de large. Le palais, la mosquée et les casernes se trouvent au centre, tandis que la ville constitue un anneau entre les deux remparts. Toute la ville a été construite en brique, un matériel vernaculaire.
Représentation artistique d'une des portes de la ville ronde, ces murailles, les quartiers résidentiels au bord extérieur et la cité royale au cœur de la ville.
Certains historiens estiment que Bagdad était la première ville au monde à avoir atteint une population d'un million d'habitants entre le 8èmeet 9ème siècle. D'un point de vue commerciale, la ville occupait un territoire favorable au bord du Tigre et pas loin de la rivière Euphrate. Selon Yaqubi, géographe et historien du 9èmesiècle, Bagdad devenait rapidement le centre mondial, capitale du Dar al-Islam prépondérant qui attirait les scientifiques, astronomes, poètes, mathématiciens, musiciens, historiens, juristes et philosophes novateurs de l'époque.
Ancien schéma des quartiers résidentiels et les murailles extérieures de la ville.
Les quatre routes rectilignes qui rayonnaient du centre vers les quatre portes ont été bordées par des arcades constituées de petits commerces et bazars. D'autres ruelles plus étroites s'étendaient des quatre artères principales, donnant l'accès à une série de petits squares et maisons. Le centre consistait d'une enclave immense qui s'étendait sur un diamètre d'environ 2km avec la cité royale à son cœur.
Dans cette vide centrale se trouvait la grande mosquée et le palais du calife, qui démontre l'importance de l'union entre la puissance temporaire et spirituelle dans la culture islamique. Les bords extérieurs de la cité royale ont été réservé pour les palais des enfants du calife, ainsi que les maisons des serviteurs, les baraques pour les gardes à cheval et d'autres bureaux d'État.
Une large partie de la Ville Ronde est détruite lors de la guerre de succession en 812-813. Seule la mosquée n'a pas été touchée par les attaques. En 832 la plus ancienne Maison de la Sagesse (Bayt al-hikma) est fondée sous le règne d'Al-Mamun. Elle devient la plaque tournante du grand commerce :
ports du golfe Persique (Ubullah, port de Bassora ou Sirâf) vers l'Inde (épices, pierres précieuses), la Chine (soie), le Yémen (parfums) et l'Afrique orientale (bois précieux, ivoire, or) ;
route de la soie par l'Asie centrale ;
routes terrestres vers les Bulgares de la Volga, le monde scandinave (peaux et fourrures), Constantinople, l'Occident chrétien et le Soudan.
Aujourd'hui, il ne reste rien de cette ville emblématique, et toute l'information qui existe est basée sur des sources littéraires. Les dernières traces ont été démolies pendant les années 1870 quand Midhat Pasha, le gouverneur ottoman réformiste a rasé les murailles.