Le mont Blanc, photographié le 23 août 2023 de Chamonix.
Lors de la précédente mesure, en 2021, le mont Blanc avait été estimé à 4 807,81 mètres, soit deux mètres perdus en deux ans.
Le toit des Alpes mesure actuellement 4 805,59 mètres selon la dernière estimation révélée, jeudi 5 octobre. Lors de la précédente évaluation, en 2021, le mont Blanc avait été mesuré à 4 807,81 mètres, soit près d'un mètre en moins par rapport à 2017. C'est en 2007 qu'avait été relevée l'altitude la plus élevée (4 810,90 m).
Comme tous les deux ans, une équipe de géomètres-experts a gravi le sommet pour le mesurer au moyen d'outils de haute précision. Bardées d'outils de pointe et équipées pour la première fois d'un drone, une vingtaine de personnes réparties en huit cordées ont réalisé l'ascension mi-septembre afin d'effectuer plusieurs jours durant des relevés point par point au sommet du géant blanc.
« Charge maintenant aux climatologues, glaciologues et autres scientifiques d'exploiter toutes les données recueillies et d'avancer toutes les hypothèses pour expliquer ce phénomène », concluent les experts, soulignant que leur propre rôle se cantonne à « accumuler les données pour les générations futures ».
Selon Jean des Garets, président de la chambre départementale des géomètres-experts de la Haute-Savoie, le fort écart par rapport à 2021 est à « mettre en perspective ». « A-t-on déjà eu une variation aussi forte ? La réponse est oui », a-t-il noté, précisant qu'elle pouvait refléter les variations pluviométriques de l'été et appelant à ne pas « utiliser [la mesure] pour raconter n'importe quoi ». « Le mont Blanc pourrait très bien être beaucoup plus haut dans deux ans », lors de la prochaine mesure, a-t-il souligné.
« L'altitude du mont Blanc oscille continuellement. »
Il s'agit de la 12e édition de cette opération qui vise à modéliser la calotte glaciaire et à collecter des données scientifiques sur l'impact des évolutions climatiques sur les montagnes alpines, précisent les participants à cette initiative, lancée en 2001 par la chambre départementale des géomètres-experts de la Haute-Savoie et qui regroupe aujourd'hui plusieurs partenaires.
Les variations de taille n'ont rien d'étonnant, avaient averti, en amont, les géomètres, car « depuis la nuit des temps, l'altitude du mont Blanc oscille continuellement ». Le sommet « rocheux » de la montagne culmine à 4 792 mètres, mais c'est l'épaisseur de la couche de « neiges éternelles » qui le recouvre, fonctionnant comme une énorme congère, qui « varie en fonction des vents d'altitude et des précipitations », avaient-ils détaillé en 2021. L'altitude du sommet varie également selon les saisons, le mont Blanc étant un « complexe dunaire » où le vent, plus violent en hiver, rabote davantage la neige qu'en été. Le sommet est donc plus haut à la fin de la belle saison qu'au printemps, avaient-ils souligné.
Alors que la fonte des glaciers s'accélère sous l'effet du réchauffement climatique, qui affecte particulièrement l'arc alpin, l'un des membres de l'équipe, Denis Borel, avait appelé à « rester humble » et à ne « pas tirer de conclusion hâtive sur des mesures qui ont été réalisées uniquement depuis l'année 2001 avec la précision » actuelle. « Nous mesurons, nous constatons (...). Nous sommes là en tant que sentinelles de l'environnement », avait-il ajouté. Il revient désormais aux « climatologues, glaciologues et autres scientifiques d'exploiter toutes les données recueillies et d'avancer toutes les hypothèses pour expliquer ce phénomène ».
Les glaciers européens, particulièrement vulnérables à la hausse des températures en raison de leur altitude relativement basse, ont perdu environ un tiers de leur volume entre 2000 et 2020, selon des données compilées par des scientifiques.
La fonte subie par les glaciers des Alpes françaises durant l'été 2022 a été décrite comme « exceptionnelle », représentant environ 5 à 7 % de la masse glaciaire restante selon des glaciologues.