L'Allemagne s'apprête à commémorer ce jeudi le 85e anniversaire de la Nuit de cristal, les violences antisémites et meurtres annonciateurs de l'extermination des juifs.
Cet hommage se révèle d'autant plus sensible qu'il intervient dans un climat de regain d'antisémitisme en Allemagne, comme dans l'ensemble de l'Europe.
L'Allemagne commémore ce jeudi le 85e anniversaire de la Nuit de cristal, les violences antisémites qui embrasèrent, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, la plupart des villes d'Allemagne et d'Autriche. La cérémonie s'est tenue en présence du président allemand Frank-Walter Steinmeier et du chancelier Olaf Scholz. Cet hommage se révèle d'autant plus sensible qu'il intervient dans un climat de regain d'antisémitisme, après l'attaque du Hamas le 7 octobre et les frappes israéliennes visant la bande de Gaza.
La promesse de « ne plus jamais » tolérer l'antisémitisme, « c'est une promesse que nous devons tenir maintenant », a martelé le chancelier dans la synagogue Beth Zion, au cœur de Berlin. « Toute forme d'antisémitisme empoisonne notre société. Comme maintenant lors de manifestations islamistes », a-t-il déclaré. Et de promettre de « poursuivre en justice tous ceux qui soutiennent le terrorisme et sont antisémites ».
Planifiée par le parti nazi, la Nuit de cristal marque, pour les historiens, le passage de la discrimination des juifs à leur persécution jusqu'à leur extermination. Ces pogroms ont entraîné la mort de 91 juifs, la destruction de 7 500 magasins et l'incendie de plus de 250 synagogues. Ces violences furent également le signal de la première vague d'arrestations de quelque 35 000 juifs qui furent aussitôt déportés vers les camps d'extermination, comme Dachau ou Buchenwald.
Des synagogues qui hésitent à commémorer la Nuit de cristal
Chaque année, de nombreuses manifestations sont organisées sur l'ensemble du territoire allemand. Mais cette année, des communautés juives d'Europe et d'Amérique du Nord ont décidé d'annuler les commémorations prévues jeudi soir, en raison du regain d'antisémitisme ambiant, rapporte le Times of Israël. Aux Pays-Bas, la « marche silencieuse » qui a lieu chaque année dans la ville de Groningue a été annulée. « Nous ne voulons pas que cette marche soit perçue comme une manifestation, car ce n'est pas le cas », a déclaré Geert Volders, directeur de la synagogue de la ville, craignant que la commémoration ne soit jugée provocante par les sympathisants palestiniens.
Au Brésil, la prudence est également privilégiée. « Avec la montée de l'antisémitisme partout dans le monde, il nous semble peu probable que les synagogues et autres institutions juives acceptent une manifestation physique de soutien qui attirerait l'attention sur leur emplacement », a également déclaré au quotidien Hana Nusbaum, enseignante spécialisée dans l'étude de la Shoah, basée à Sao Paulo.
Quelque 2 000 délits en Allemagne en lien avec la guerre
Toute l'Europe est touchée par une résurgence d'actes antisémites depuis un mois. La Commission européenne a dénoncé une situation où « les juifs d'Europe vivent de nouveau dans la peur ». Mais en Allemagne, du fait de la Shoah, cette situation inquiète encore plus, y compris le gouvernement qui par la voix de son vice-chancelier, Robert Habeck, a lancé un appel, très remarqué, pour appeler à lutter contre l'antisémitisme dans le pays.