Gérald Darmanin
Selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, 340 personnes radicalisées ont été libérées de prison depuis 2018, tout comme l'auteur de l'attaque au couteau de Paris qui a fait un mort et deux blessés graves samedi.
C'est un profil qui inquiète les autorités puisqu'il n'est pas isolé. L'auteur de l'attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés graves, samedi soir à Paris, était fiché S et avait été condamné à quatre ans de prison ferme pour un projet d'attentat avant d'être libéré à l'issue de sa peine en 2020.
Selon Gérald Darmanin, au moins 340 individus radicalisés ont été libérés de prison depuis 2018 et une trentaine d'autres doivent l'être dans le courant de l'année prochaine.
"Depuis 2018, 340 personnes condamnées pour radicalisation ou qui se sont radicalisés en prison", ont été libérées à l'issue de leur peine précise ce lundi sur RMC et BFMTV le ministre de l'Intérieur. "L'année prochaine, ce sera entre 30 et 35 personnes, qui seront très suivies", précise Gérald Darmanin, qui rappelle que les étrangers condamnés sont expulsés du territoire national.
En moyenne, ce sont 80 détenus estampillés "TIS", pour terroriste islamiste, qui quittent les prisons chaque année, précise BFMTV, dont 84 en 2021 et 77 en 2022.
20.000 FICHÉS S DONT 5.000 CONSIDÉRÉS COMME DANGEREUX
L'auteur de l'attaque de Paris était également fiché S pour radicalisation, tout comme 20.000 autres personnes, dont 5.000 avec des fiches actives, détaille Gérald Darmanin.
"Aujourd'hui, 20.000 personnes sont fichées S pour islam radical dont 5.000 avec des fiches actives pour une dangerosité particulière. Parmi eux, à peu près 500 sont des étrangers en situation irrégulière et les deux tiers sont en prison ou en centre de rétention. Il faudra vivre avec cette menace de nombreux mois et nombreuses années", ajoute le ministre de l'Intérieur.
Un chiffre en augmentation puisque d'après un rapport du Sénat en 2018, sur les 29.973 personnes qui faisaient l'objet d'une fiche S, environ 17.000 étaient fichées appartenant à la mouvance radicale islamiste. "Les cas comme ceux de l'assaillant sont nombreux", alerte Gérald Darmanin.
ISLAM RADICAL ET TROUBLES PSYCHIATRIQUES
Autre point d'inquiétude, le dossier médical de l'assaillant de Paris, qui était suivi pour des troubles psychiatriques en prison et qui avait cessé de prendre ses traitements en 2022 à la demande de son médecin. "C'est un cas qui lie islam radical et maladie mentale" et qui n'est pas isolé précise Gérald Darmanin. "Les cas comme cela sont nombreux, environ 30%" des radicalisés précise le ministre de l'Intérieur.
"Ce n'est pas une excuse, ces gens-là sont radicalisés avec l'islam radical et à cela se mêle la maladie psychiatrique. Pour protéger les Français, il faut un métier de médecin, de juge et de policier", ajoute Gérald Darmanin.
Pour le ministre de l'Intérieur, le suivi de l'auteur de l'attaque au couteau de Paris a été entaché d'un "ratage psychiatrique". À l'issue de cette attaque Gérald Darmanin voudrait pouvoir faire évoluer la loi pour permettre notamment aux préfets des réquisitions judiciaires et obliger des personnes en arrêt de soin, à se soigner. "Il faudrait que le préfet puisse se substituer, obliger quelqu'un en faisant intervenir la police et l'arrêter pour le présenter à un psychiatre", appelle le ministre.