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Laïcité: le dérapage de Macron [le point de vue de cl]


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Le Président emmanuel macron et le grand rabbin de France.



En laissant le grand rabbin de France allumer, jeudi soir dans la salle des fêtes de l'Élysée, la première bougie du candélabre pour la fête juive d'Hanoukka, Emmanuel Macron a commis une erreur, si ce n'est une faute.

La réaction de Yonathan Arfi, le responsable du CRIF (le Conseil représentatif des institutions juives de France), rappelant que « l'ADN républicain est de se tenir loin de tout ce qui est religieux » atteste d'ailleurs, plus que la polémique politicienne générée par cet épisode, de la réalité du dérapage présidentiel.

La laïcité est en effet devenue une valeur trop fragile, et trop vivement contestée par ses ennemis pour que le chef de l'État transige de la sorte avec ce qui constitue un des principes fondamentaux de notre République.

L'erreur de la bougie de Hanoukka est en réalité la conséquence d'une double ambiguïté d'Emmanuel Macron. Sur un plan idéologique tout d'abord, il entretient de longue date un certain flou sur la question de la laïcité prônant à tour de rôle la fermeté quant à son respect ou une « ouverture » dont on peine toujours à voir ce qu'elle signifie.

Ensuite, de façon plus prosaïque, l'épisode de jeudi doit être interprété comme une sorte de tentative de rattrapage de son absence à la grande marche républicaine contre l'antisémitisme du 12 novembre. Absence alors justifiée par la volonté de ne pas attiser les tensions communautaires et qui est restée largement incomprise.

Mais dans les deux cas, non seulement Emmanuel Macron a obtenu un résultat contraire à celui recherché mais a, de surcroît, affaibli l'idée même de laïcité.

Et c'est peut-être là, la conséquence la plus grave de l'erreur commise par le chef de l'État. Combattue par les obscurantismes religieux, instrumentalisée par un certain nombre de politiques de droite et de gauche, la laïcité est désormais largement remise en cause, notamment par les plus jeunes, un sondage de l'IFOP publié hier indiquant encore que 78 % des Français musulmans la jugent « discriminatoire ».

Devant un constat aussi accablant, c'est l'affirmation du sens profond de la laïcité en même temps que le refus de tout accommodement religieux qui devrait dominer. En matière de laïcité, c'est de pédagogie et de responsabilité politique dont la République a besoin. Or, jeudi soir, le Président a failli sur la forme comme sur le fond.