Le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, estime que le texte du gouvernement manque de « courage » et n'y voit que de la « communication ».
Eric Ciotti face à Gérald Darmanin, à l'Assemblée nationale, le 7 décembre 2023.
Gérald Darmanin espérait encore, vendredi sur Franceinfo, un « compromis » sur le projet de loi relatif à l'immigration, qui arrive lundi en séance à l'Assemblée nationale. Depuis plusieurs jours, Les Républicains annoncent qu'ils ne voteront pas le texte à l'Assemblée nationale, mais dans un entretien au Parisien, samedi 9 décembre, Eric Ciotti, le président du parti Les Républicains, met les choses au clair avec le camp présidentiel.
Il laisse entendre qu'il pourrait appeler à voter pour une motion de rejet déposée par les écologistes. « Nous déciderons lundi de notre position », affirme M. Ciotti, au sujet de cette motion, qui fera l'objet d'un vote lundi au Palais-Bourbon. « L'adoption d'une motion de rejet aboutirait à débattre à nouveau sur le texte du Sénat », relève M. Ciotti dans l'entretien. Il y rappelle que LR avait également déposé une motion de rejet, mais que c'est celle des députés écologistes qui a été tirée au sort.
« Seul le texte sorti du Sénat » convient aux LR
« Nous voulons que le texte de la droite sénatoriale soit préservé. Le projet de loi actuel a été totalement dénaturé par la commission des lois de l'Assemblée sous la pression du “en même temps” macroniste, puisqu'on a assisté à un total changement de cap décidé par l'aile gauche de la majorité et cautionné par Gérald Darmanin », clame-t-il, suggérant qu'il serait logique de voter pour la motion, même déposée par les écologistes dont les griefs contre le projet de loi sont aux antipodes de ceux de la droite. « La seule condition pour voter ce texte serait que le gouvernement reprenne intégralement tous les points du Sénat et qu'il s'engage à travailler sur une réforme constitutionnelle approuvée par référendum », dit-il.
« Le courage n'est pas au rendez-vous de ce projet de loi du gouvernement, seule la communication s'y trouve », déplore-t-il. Une référence à la réforme de la Constitution prônée par LR, qui demande notamment que la France puisse déroger aux règles européennes et que le Parlement fixe chaque année des « plafonds migratoires ».
Darmanin répond aux Républicains
Dimanche, dans Le Parisien, le ministre de l'intérieur réplique : « Je ne vois pas comment, à la fin, les LR peuvent voter contre une loi qui prévoie d'expulser 4 000 délinquants étrangers par an. » Et il s'en prend au chef du groupe LR, Olivier Marleix : « Il n'est pas contre le texte, mais dans une obsession personnelle contre moi. Il me déteste, irrationnellement d'ailleurs car je ne le connais pas. Il attaque ce texte parce que c'est moi, pas contre les mesures. C'est le contraire de l'intérêt général pour les Français ». Et de menacer : « Si en janvier prochain, parce que le projet de loi est bloqué, on ne peut pas virer un étranger délinquant criminel qui a mis trois coups de couteau à un gamin dans la rue, ils porteront une responsabilité énorme. »
Si toutes les oppositions se coalisaient lundi en faveur de la motion, l'examen du projet de loi serait interrompu d'emblée à l'Assemblée. Ce qui redonnerait la main au Sénat, à moins que le gouvernement ne convoque une commission mixte paritaire d'élus des deux chambres. Mais les députés LR sont partagés. De son côté, le Rassemblement national (RN) entretient le mystère sur sa position. Ce dernier ne divulguera pas sa stratégie avant lundi, a affirmé vendredi la députée RN Laure Lavalette. Alors que son collègue Jean-Philippe Tanguy avait affirmé jeudi à l'Agence France-Presse que le RN ne la voterait pas, souhaitant « débattre ».
Dans ce même entretien, M. Ciotti suggère de renoncer à organiser sur la Seine la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, car la sécurité pourrait ne pas y être assurée. « L'attentat de la tour Eiffel a montré nos immenses fragilités en matière de sécurité ». Selon lui, « Il faut penser à un plan B, par exemple au Stade de France, dans un lieu fermé et sécurisé. Je demande au gouvernement de n'avoir aucun tabou lorsqu'il s'agit de la sécurité des Français », ajoute-t-il.