Nikky Haley.
De plus en plus plébiscitée dans les sondages mais également par les grands donateurs, l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud et ambassadrice de l'ONU pourrait faire figure d'épouvantail dans la primaire républicaine, pour l'heure toujours survolée par Donald Trump.
Une prétendante de plus en plus sérieuse. Dans le premier épisode du nouveau podcast hebdomadaire de BFMTV, "Washington Briefing", Benoît Ballet, notre correspondant à Washington, et Thierry Arnaud, éditorialiste politique étrangère, font le point sur la candidature de Nikki Haley à la primaire républicaine pour la présidentielle américaine de 2024.
Il faut dire qu'au fil de semaines, le profil de cette ancienne diplomate de 51 ans, qui a également été gouverneure de Caroline du Sud entre 2011 et 2017, prend de plus en plus d'ampleur à l'approche de la primaire républicaine, qui se tiendra en juillet prochain. Selon la moyenne des sondages de RealClearPolitics, à l'échelle nationale Donald Trump glanerait 59% des voix, tandis que Ron DeSantis, en baisse, est passé à 14%, Nikki Haley à 11% et Vivek Ramaswamy à 5%.
"Elle est en train de s'imposer progressivement comme la numéro deux dans le camp républicain", confirme Thierry Arnaud, qui pointe "le flop" de la candidature de DeSantis.
Si Donald Trump reste l'immense favori des Républicains, l'homme d'affaires fait face à de nombreuses accusations, dont celle d'avoir tenté de renverser les résultats de l'élection présidentielle de 2020, qui pourraient au final peser lourd dans la balance électorale.
De plus en plus d'ampleur.
Nikki Haley peut s'appuyer sur un parcours politique riche, elle qui a occupé le poste d'ambassadrice de l'ONU pendant quasiment deux ans, justement durant la présidence de Donald Trump, qui avait salué son "travail fantastique."
Si la candidate était passée sous les radars des électeurs et des médias en début d'année, les choses ont commencé à changer au milieu de l'année, à la faveur des débats républicains, toujours snobés par Donald Trump, au cours desquels elle a tenu des prestations particulièrement remarquées.
"Le premier débat fin août lui a permis d'émerger, puis de plus en plus elle s'est affirmée. Lors du dernier débat il y a quelques jours, elle a été la cible des autres, qui la considèrent comme la menace", poursuit Thierry Arnaud.
Dans son programme, l'ex-gouverneure prône entre autres des baisses d'impôts, un retour progressif à l'équilibre budgétaire, et le relèvement de l'âge minimum de départ à la retraite. Elle est également contre l'avortement, mais ne souhaite pas imposer son interdiction à l'ensemble du territoire de manière unilatérale.
Des donateurs au rendez-vous.
De plus, aux États-Unis plus qu'ailleurs, les élections sont une histoire de gros sous. Dernièrement, Nikki Haley a su attirer les donateurs importants.
Depuis un mois environ, la liste des entrepreneurs et dirigeants d'entreprises qui se rangent derrière l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud, contribuent financièrement à sa campagne ou envisagent de le faire, ne cesse de s'allonger. Parmi eux, Charles Koch, l'un des plus gros donateurs en politique, ou l'investisseur Stanley Druckenmiller. Tous deux sont multimilliardaires.
Début décembre, lors d'une levée de fonds dans un appartement luxueux de l'Upper West Side, Nikki Haley a récolté plus de 500.000 dollars de promesses de dons de la part de membres du gotha new-yorkais des affaires.
La quinquagénaire commence même à attirer des démocrates, comme l'investisseur Reid Hoffman, co-fondateur du réseau LinkedIn.
Comment faire jeu égal avec Trump ?
Selon Thierry Arnaud, le faut que Nikki Haley ait été gouverneure de Caroline du Sud est un atout, tant cet État se trouve à un carrefour entre le conservatisme sur certaines valeurs, et l'ouverture sur d'autres. Cet équilibre pourrait lui permettre d'attirer plusieurs Républicains plus modérés, qui ne souhaiteraient pas suivre Donald Trump.
"Quand les politologues parlent des Républicains, il y a 40% de Maga ("Make America Great Again", le slogan de la campagne de Trump en 2016, NDLR), des fans de Trump, 20% de modérés à la recherche d'une candidature alternative, ceux que Haley doit aller chercher en priorité, et 40% d'électeurs de Trump qui ne s'interdisent pas d'aller chercher une alternative. Le plus compliqué sera d'aller chercher ces 20% sans pour autant braquer les 40% d'électeurs sassez flottants", précise Thierry Arnaud.
En réalité, concurrencer l'ogre Donald Trump semble assez illusoire. Pour y parvenir, Nikki Haley doit d'abord conforter son statut de numéro 2 lors de ce scrutin, mais aussi "compter sur un momentum, et que les événements judiciaires aillent dans son sens", conclut notre éditorialiste.