Élisabeth Borne.
Élisabeth Borne recevait à Matignon, ce jeudi 14 décembre, ses principaux ministres pour une réunion de crise en pleines négociations sur le projet de loi immigration. Une réunion qui a viré au règlement de comptes.
Réunion explosive à Matignon. Ce jeudi 14 décembre en fin d'après-midi, la Première ministre Élisabeth Borne a réuni les principaux ministres de son gouvernement pour leur présenter les avancées des discussions avec les dirigeants LR sur le projet de loi immigration, qui a subi un camouflet à l'Assemblée nationale. Selon nos informations, confirmant celles de Politico et du Point, les échanges se sont révélés extrêmement tendus.
"C'était sport", selon un participant, quand un autre parle même d'une "boucherie" loin du ton habituel.
Les tensions ont débuté dès lors que la Première ministre a rabroué le ministre de l'Économie Bruno Le Maire pour avoir déclaré au Figaro vouloir "reprendre la version du Sénat" tout en "reconnaissant une défaite" sur ce projet de loi.
Élisabeth Borne aurait alors demandé à ses ministres de ne pas parler à tort et à travers dans les médias pour ne pas entraver des négociations déjà complexes.
"Tout le monde a bien compris que le tir était pour lui", raconte un participant. Bruno Le Maire a quant à lui répondu qu'il fallait être lucide après cet échec et qu'il continuerait à dire ce qu'il pensait. Il a affirmé "'ne pas retirer un mot ni une virgule à ce qu'il avait dit car il faut être clair". Et ce, avant de quitter la salle une vingtaine de minutes plus tard.
"On a encore le droit de s'exprimer ?"
La cheffe du gouvernement s'est également écharpée avec ses ministres sur l'issue de la commission mixte paritaire. Elle souhaite à tout prix qu'elle s'avère concluante quand Gabriel Attal, Olivier Véran, Stanislas Guerini ou encore Aurore Bergé alertent sur le risque d'absence de majorité lors du vote dans l'hémicycle. Le porte-parole du gouvernement a déclaré qu'il ne fallait pas tout concéder aux LR qui ne respectent pas leurs engagements au moment du vote.
Des paroles qui n'ont pas plu à la Première ministre: "Arrêtez de dire cela, ça les braque. A la fin, on a voté 56 textes avec eux".
Tout en rappelant qu'elle était en charge des négociations, elle ajoute: "tous les membres du gouvernement doivent éviter les prises de parole intempestives sur le sujet".
Ce à quoi riposte Olivier Véran : "on a encore le droit de s'exprimer ?"
Outre les tensions avec Élisabeth Borne, un ministre a alerté sur les suppléants à l'Assemblée qui pourraient devenir frondeurs. En cause notamment: la suppléante de Clément Beaune qui a voté contre le mandat donné aux représentants de Renaissance pour la Commission mixte paritaire.
Clément Beaune a défendu sa suppléante qu'il juge "loyale". "C'est une députée à part entière", ajoute-t-il.
À la fin de cette réunion mouvementée, la Première ministre a souhaité tempérer en remerciant les membres présents "pour ces échanges honnêtes et francs".
Plus tard dans la soirée, elle leur a tout de même rappelé qu'il fallait se faire confiance et qu'elle ne prendrait pas le risque d'envoyer un texte dans l'hémicycle qui ferait exploser la majorité.