Mercredi 27 décembre 2023, les autorités ont annoncé l'interdiction de vente des huîtres du bassin d'Arcachon. Une mesure également prise en Loire-Atlantique et dans le Morbihan.
Va-t-on devoir rayer les huîtres de notre menu de la Saint-Sylvestre ? Comme cela avait été le cas il y a tout juste un an, en raison d'une vaste contamination au norovirus ? Difficile de le savoir à trois jours du réveillon. Mais plusieurs signaux sont déjà dans le rouge.
Dernier en date, l'interdiction de la vente de coquillages en provenance du bassin d'Arcachon. Mercredi 27 décembre 2023, le préfet de Gironde, Etienne Guyot, a interdit « provisoirement les activités de pêche, de récolte et de commercialisation destinées à la consommation humaine de l'ensemble des coquillages en provenance du Bassin d'Arcachon, y compris du banc d'Arguin, au large de la Dune du Pilat ».
En cause : plusieurs cas de toxi-infections alimentaires collectives dues au norovirus, un virus qui provoque des gastro-entérites aigües.
10% de la production nationale dans le bassin d'Arcachon.
C'est un gros coup dur pour les ostréiculteurs de la zone. La production locale d'huîtres est d'environ 8000 tonnes par an, soit moins de 10 % de la production nationale, selon les derniers chiffres disponibles du Comité régional de conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA) et de l'Agreste (statistique agricole).
Dans les autres départements producteurs d'huîtres, des alertes ont déjà sonné. C'est notamment le cas en Loire-Atlantique (zone nord de la baie de Bourgneuf), comme le rapporte notre rédaction locale, Le Courrier du Pays de Retz, où plusieurs personnes ont été contaminées. La préfecture a décidé d'interdire la vente de coquillages, ce qui a provoqué la colère des producteurs.
Dans quatre zones du Morbihan, des restrictions sont également en cours, note actu Morbihan, qui évoque deux contaminations.
Quid des huîtres de Marennes-Oléron, de Bretagne, de Normandie ?
Mais du côté des gros producteurs, il n'y aurait pas de quoi s'inquiéter. À Marennes-Oléron (Charente-Maritime), zone qui produit la moitié de la production nationale, aucune alerte n'a été émise. Selon l'ARS Nouvelle Aquitaine, les crues n'ont pas occasionné d'impact sanitaire dans le département.
Les deux autres gros producteurs que sont la Bretagne Nord (Cancale, notamment) et la Normandie (environ un quart de la production française) n'ont pas non plus été concernés par ces contaminations.
Par ailleurs, le site officiel RappelConso n'a, pour le moment, émis aucune alerte en ce sens.
Les pluies en cause.
Pourquoi le bassin d'Arcachon, une partie de la Loire-Atlantique et le Morbihan ont-ils été victimes de ce virus et pas les autres zones ?
Thierry Lafon, un producteur installé à Gujan Mestras (Gironde), évoque auprès de l'AFP « une saturation des réseaux d'eaux usées et d'eaux pluviales qui engendre des débordements dans le milieu naturel, contaminant les zones d'élevage ».
Thierry Lafon, ostréiculteur en Gironde a écrit :
On a eu des pluies importantes pendant un mois et demi, les nappes affleurent et dans ces cas-là, quelques centimètres d'eau sur la chaussée suffisent à envahir le système d'assainissement. Les canalisations n'ont plus la capacité de faire passer tout ce flux et ça déborde dans le milieu marin, qui devient insalubre.
Même problème du côté de la Loire-Atlantique, comme le soulignent nos journalistes présents sur les lieux, pointant « des surverses de stations d'épuration, des sols pollués, des assainissements individuels, de rupture de canalisations dues aux pluies ».
C'est quoi le norovirus ?
Il faut savoir que le norovirus est présent dans les selles et les matières vomies d'une personne malade, et se retrouvent donc dans les eaux usées des collectivités. Selon l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail), « la majorité des épidémies de norovirus d'origine alimentaire a été liée à la consommation de coquillages contaminés lors de déversements accidentels d'eaux usées ou d'eau de distribution du réseau suite à des dysfonctionnements de ce réseau ».
L'eau contaminée se retrouve dans les parcs à huîtres, infecte les coquillages et ceux qui les consomment. Les symptômes apparaissent au bout de 10h à 50h : vomissements, nausées et/ou diarrhées. Ils sont parfois associés à des « crampes abdominales, malaise, anorexie, fièvre (peu élevée rapportée dans moins de 50 % cas), frissons, courbatures et maux de tête ».
Pour les personnes en bonne santé, la guérison se fait naturellement au bout de deux à trois jours. Mais l'état des personnes fragiles et les jeunes enfants sont à surveiller.