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Chine et États-Unis : les Philippines noyées dans la bataille navale


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Le destroyer porte-hélicoptères japonais Izumo (au centre) et d'autres navires de guerre pendant un exercice naval international dans le Pacifique.



À Manille, les manifestations se multiplient contre la Chine, les États-Unis et le président Ferdinand Marcos Jr., fils de l'ancien dictateur du même nom. Les Philippins bouillonnent de rage et de peur, à l'occasion des 39e exercices militaires Balikatan - qui signifie « épauler » en tagalog -, organisés annuellement par les États-Unis. Pour ces manœuvres qui rassemblent 16 700 soldats et s'étalent du 22 avril au 10 mai, la marine américaine semble plus offensive que jamais, dans une zone où les tensions avec la Chine sont déjà inquiétantes. D'autant que cette année, quatorze pays s'invitent aux simulations de bataille navale, dont l'Australie et la France, conformément à la « stratégie française en indopacifique » annoncée par Emmanuel Macron en 2018. Paris y a même envoyé la frégate Vendémiaire, basée en Kanaky-Nouvelle-Calédonie.

Stratégie des chaînes d'îles
« C'est le signe qu'ils se préparent vraiment à la guerre », se désole Coni Ledesma, l'une des dirigeantes du Front national démocratique des Philippines (NDFP, communiste), en évoquant les États-Unis, « le plus grand ennemi du peuple philippin ». Ce dernier tient farouchement à son indépendance, après plus de 300 ans de colonisations espagnole et américaine. Mais l'ultralibéral Bongbong Marcos, comme il est surnommé, a cédé aux sirènes impérialistes de l'ancien colon, qui ne demande qu'à encercler la Chine avec sa stratégie des chaînes d'îles. Une opération d'endiguement qui date de la guerre froide contre l'Union soviétique et la République populaire. Le président philippin a solidifié cette alliance à la mi-avril, en rencontrant Joe Biden à Washington en compagnie du premier ministre japonais, Fumio Kishida.

« Ça fait partie du plan, cette alliance trilatérale avec les États-Unis et le Japon, déplore Coni Ledesma. Marcos a donné les Philippines aux Américains. » Ce lundi 6 mai, les exercices avaient encore plus l'air d'échauffements : les soldats des deux pays ont, depuis le nord-ouest de l'archipel, simulé une invasion chinoise et tiré des dizaines d'obus et de missiles en mer. Les États-Unis entendent s'implanter aux Philippines - comme en Corée du Sud, au Japon et à Taïwan - pour freiner les ambitions chinoises sur le front est. Pékin dispute âprement à Manille les îles Spratleys, myriade d'atolls et d'îlots situés entre le Vietnam, la Chine, la Malaisie et les Philippines.

« Les États-Unis veulent utiliser le peuple philippin contre la Chine »
« Les États-Unis ont l'intention d'utiliser le peuple philippin comme de la chair à canon dans leur jeu d'esbroufe afin de provoquer la Chine à tirer le premier coup de feu, dénonce le Comité français de Soutien à la Révolution aux Philippines (CSRP). Cela permettra aux États-Unis et à leurs alliés impérialistes, dont la France, de justifier des actions armées contre la Chine. » Derrière la participation inédite de Paris se cache une vente possible de sous-marins à l'armée philippine, une nouvelle aire d'influence dans l'indopacifique, mais aussi la validation d'une politique répressive et violente du gouvernement de Marcos Jr.

Ce dernier continue de bafouer les droits humains sous le couvert du « contre-terrorisme » communiste et de la lutte contre la drogue. Un « marquage rouge » expliqué froidement par Coni Ledesma : « Qui proteste contre sa politique est traité de communiste, et est alors susceptible d'être arrêté, torturé, enlevé, tué ».