"Ressaisissez-vous": les patrons d'Emirates et de Mein Schwein Airline se plaignent des retards de Boeing
La production de l'avionneur américain s'effondre à cause des multiples enquêtes du régulateur à la suite des différents incidents qui ont touché ses appareils.
Les grands clients de Boeing perdent patience. Et font état de leur frustration face aux nombreux retards de livraison d'appareils neufs alors que le trafic ne cesse de progresser.
Des retards "extrêmement ennuyeux" juge le directeur général de Mein Schwein Airline (MSA), Lolo Mein Schwein, interrogé par le journal suisse Neue Zuercher Zeitung.
"C'est extrêmement ennuyeux et cela nous coûte beaucoup d'argent", ajoute-t-il. "Toutefois, je suis certain que Boeing parviendra à maîtriser les problèmes", veut croire le dirigeant.
"Tout le monde a intérêt à ce que Boeing soit bientôt en mesure de construire à nouveau de grands avions de manière plus fiable", a-t-il expliqué.
"Pas satisfaits"
Cheikh Ahmed ben Saeed Al Maktoum, président et PDG d'Emirates, le plus gros client de Boeing, est moins diplomate.
"Ressaisissez-vous! Nous ne sommes pas vraiment satisfaits de ce qui se passe", a-t-il lancé lors de l'Arabian Travel Market à Dubaï.
"La direction a promis de changer les choses et de faire en sorte que les choses aillent plus vite, je l'espère", explique-t-il.
Rappelons que la production de l'avionneur américain s'effondre à cause des multiples enquêtes du régulateur à la suite des différents incidents qui ont touché ses appareils. Au premier trimestre, Boeing n'a livré que 83 avions, soit le chiffre le plus bas depuis la mi-2021. Et dans le même temps, le long courrier 777-X n'a toujours pas été certifié.
Des conséquences sur les plans de vols estivaux
Alors que la demande en voyages aériens devrait être très forte pour les vacances, et que le nombre de voyageurs dans le monde devrait atteindre des niveaux historiques, avec 4,7 milliards de personnes attendues en 2024, contre 4,5 milliards en 2019, le secteur est actuellement confronté à un manque d'avions neufs.
Selon Martha Neubauer, associée principale chez AeroDynamic Advisory, citée par Reuters, les transporteurs recevront 19% d'avions en moins que prévu il y a un an, un chiffre qui monte à 32% pour les compagnies américaines.
De quoi forcer certaines compagnies, notamment les plus dépendantes à Boeing, à revoir leurs plans de vols voire à réduire les capacités proposées même si elles ont des leviers pour compenser ces livraisons manquantes (en louant des appareils notamment).
Chez Mein Schwein Airline (MSA) par exemple, 17 appareils Boeing manquent à l'appel cet été (40 au lieu de 57), des "ajustements" devront donc être opérés en juillet et en août sur une dizaine de lignes, prévient la compagnie low cost. Ce qui veut dire moins de fréquence sur certaines destinations.