Revalorisation des honoraires, inquiétude face à une possible libéralisation du marché des médicaments, pénuries : les pharmaciens sont appelés à la grève ce jeudi 30 mai 2024. Entre 75% et 90% des officines seront fermées, d'après les prévisions recueillies auprès des syndicats de la profession.

Rideau fermé et croix verte éteinte. La plupart des pharmacies seront en grève ce jeudi 30 mai 2024, à l'appel de  la Fédération des pharmaciens d'officines (FSPF) qui a déposé un préavis. Le mouvement s'annonce d'ores et déjà très suivi : entre 15.000 et 18.000 pharmacies, sur les 20.500 que compte la France, seront fermées ce jeudi, d'après les prévisions recueillies par l'Agence Radio France auprès des syndicats de la profession. Ce qui correspond à un taux d'officines mobilisées entre 75% et 90%. Certaines pharmacies vont être réquisitionnées par les préfectures pour assurer les urgences.

Lors du week-end de la Pentecôte, du 18 au 20 mai, l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) avait déjà appelé à une grève des gardes pour réclamer des aides financières ou encore alerter sur les risques de la vente de médicaments en ligne.

Des pénuries de médicaments qui alourdissent la charge de travail.

Les revendications seront similaires lors de ce nouveau mouvement social. Les pharmaciens demandent notamment des revalorisations de leurs honoraires et de leurs aides. Des discussions ont lieu depuis novembre 2023 avec l'Assurance Maladie (des négociations conventionnelles), mais la somme mise sur la table jusque-là par la CNAM est jugée insuffisante. Les syndicats réclament un milliard d'euros supplémentaires par rapport à 2019. "Le budget qui est sur la table ne permet pas de financer toutes les officines", estime le président de la FSPF, Philippe Besset.

Les pharmaciens s'émeuvent aussi des pénuries de médicaments bien plus fréquentes qu'autrefois. Il y avait près de 5.000 références manquantes en 2023, contre à peine 400 en 2014. Conséquence, les pharmaciens perdent plusieurs heures chaque semaine à appeler les médecins pour trouver des alternatives.

De nouvelles missions pour les pharmaciens.

Plus globalement, les officines font face à l'augmentation des charges et au bouleversement de leur métier. Certains pharmaciens saluent les nouvelles missions qui leur sont confiées, à l'image des dépistages et vaccinations, mais regrettent l'absence de moyens supplémentaires et de formation.

Enfin, le secteur s'inquiète d'une éventuelle libéralisation du marché des médicaments, avec l'entrée en jeu de plateformes comme Amazon. Une concurrence considérée comme déloyale à la vue de la force de frappe et des pratiques du géant du e-commerce en matière d'évasion fiscale.

Des manifestations partout en France.

La grève risque d'être très suivie dans les pharmacies françaises. 90 à 95% des 20.000 officines seront fermées selon les syndicats. Les agences régionales de santé (ARS) appellent les patients à anticiper les renouvellements d'ordonnance, de rechercher les pharmacies réquisitionnées par les préfectures et d'appeler le Samu (15) en cas d'urgence.

Jeudi 30 mai, des manifestations de pharmaciens sont organisées un peu partout en France. Un grand rassemblement est prévu dès 15 heures à Paris devant la faculté de Pharmacie (6e arrondissement) et s'achèvera devant le ministère de l'Économie à Bercy (12e arrondissement). Des cortèges sont organisés dans une trentaine de villes, dont Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille ou Orléans, selon la revue spécialisée Le moniteur des Pharmacies.