En dépit d'une baisse des prix sur les marchés depuis plusieurs mois, les offres des fournisseurs vont de nouveau augmenter à partir du mois prochain. C'est surtout à la rentrée qu'il faudra faire jouer la concurrence.
Ce n'est pas vraiment une surprise. Dès le mois de février dernier, nous avions annoncé une nouvelle hausse à venir des tarifs du gaz. Cela n'en constitue pas moins une mauvaise nouvelle pour les ménages, et l'on connaît désormais son montant.
À partir du 1er juillet, le prix repère du gaz - qui sert de guide aux fournisseurs depuis que les tarifs réglementés de vente de gaz ont été supprimés - s'établira à 129,20 euros par mégawattheure (MWh) TTC en moyenne pour les consommateurs. « Cela représente 13,50 euros de plus qu'en juin par MWh, soit une hausse de + 11,7 % », détaille Emmanuelle Wargon, la présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), qui fixe et actualise chaque mois le prix repère en fonction des cours du marché. « Mais attention, cela fait suite à une série de baisses successives ces derniers mois et on ne revient pas à un niveau aussi élevé qu'en janvier. »
Engie a déjà anticipé.
Curieux paradoxe en effet : sur les marchés de gros, où s'approvisionnent les fournisseurs, les prix sont à la baisse depuis de nombreux mois. Pourquoi alors cette nouvelle augmentation, alors qu'en théorie la diminution devrait se poursuivre ? « Les tarifs du gaz se décomposent en trois parts à peu près égales, décrypte Emmanuelle Wargon. Les prix d'achat de la molécule par les fournisseurs sur les marchés de gros ne représentent que l'une d'elles. » La deuxième est constituée par les différentes taxes, et la dernière par les tarifs qui comprennent le transport (dans les plus gros tuyaux) et la distribution (les plus petits, qui arrivent jusqu'aux ménages) qui sont appliqués sur le réseau national. Des péages en quelque sorte.
« Cette dernière part est évaluée tous les quatre ans en fonction des coûts de maintenance, rappelle-t-elle encore. Dernièrement par exemple, il a fallu prendre en compte le développement du biogaz. » Aujourd'hui, c'est cette part réseau qui augmente (de 27,5 %). Celle dédiée aux taxes (qui avait fortement augmenté en janvier) demeure stable. Quant à la troisième, correspondant au prix de la molécule, comme l'indique la présidente de la CRE, les marchés ont effectivement marqué une forte pause en 2024.
Conséquence de cette évolution, la facture annuelle moyenne d'un ménage selon la CRE devrait passer de 1 060 euros à 1 184 euros. Engie a déjà anticipé cette augmentation à venir en informant dès le mois de mai les clients de son offre Passerelle. « Celle-ci concerne uniquement les ménages qui étaient auparavant abonnés au tarif réglementé de vente du gaz naturel (TRVG), disparu en juillet 2023, et qui n'ont pas fait le choix d'une autre offre », nous rappelait alors Céline Regnault, la directrice du marché grand public du fournisseur historique du gaz. « De fait, ils ont été automatiquement basculés par défaut vers Passerelle. »
TotalEnergies a également pris les devants : « Nos offres gaz à prix révisable pour particuliers sont bien indexées sur le prix repère de la CRE et en suivent chaque mois l'évolution », explique-t-on à la direction du groupe. Seule exception : son offre à prix fixe qui demeurera, elle, inchangée.
Les autres fournisseurs devraient suivre au fil de l'eau. Avec des répercussions variables, et néanmoins l'obligation de prévenir leurs clients au moins un mois à l'avance.
Comparez les offres.
« Le prix repère n'est donné qu'à titre indicatif, rappelle Emmanuelle Wargon. Les fournisseurs ont toute latitude pour fixer leurs offres comme ils l'entendent. Et notamment la façon dont ils veulent répercuter l'augmentation à venir. »
Certains d'entre eux décideront peut-être de ne pas en tenir compte, acceptant alors de rogner leurs marges afin d'être plus compétitifs. D'autres le feront, mais en privilégiant une augmentation sur la part abonnement. D'autres encore choisiront de mettre le paquet sur la consommation, exprimée en kilowattheures (kWh). « C'est l'option que nous avons délibérément choisie pour notre prix repère, décrypte la présidente de la CRE. L'abonnement étant la part fixe d'une offre, le consommateur ne peut pas agir sur ce levier. En revanche, il peut jouer la carte de la sobriété, et réduire ainsi sa consommation. Et donc sa facture. »
Il convient donc de bien faire attention à suivre l'évolution des tarifs dans les prochaines semaines. « La baisse des prix sur les marchés fait qu'il demeure intéressant de bien étudier toutes les offres », confirme Sylvain Le Falher, cofondateur du comparateur Hello Watt. Même si les fournisseurs vont vraisemblablement attendre la rentrée pour sortir complètement du bois. « C'est à ce moment sans doute que les ménages pourront pleinement faire jouer la concurrence, prévient Emmanuelle Wargon. Sachant qu'ils peuvent à tout moment résilier leur contrat, sans frais. »