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Législatives: pourquoi la gauche prend du temps pour proposer le nom d'un Premier ministre


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Les différentes composantes du Nouveau Front populaire (NFP) ne se sont toujours pas entendues sur le nom d'un ou une potentielle Première ministre, cinq jours après leur victoire aux élections législatives. Une attente jugée trop longue par certains de leurs opposants ou par d'autres au sein même de l'alliance.

Nous sommes le vendredi 12 juillet. Et à l'heure où nous écrivons ces lignes, la fumée blanche n'est toujours pas sortie à gauche pour communiquer le nom d'un éventuel Premier ministre et d'un gouvernement issus de l'alliance du Nouveau Front populaire arrivée en tête des législatives anticipées du dimanche 7 juillet.

Pas de panique, répondent les différentes huiles du NFP dans les médias. "La discussion avance positivement (...) Dans un certains nombre de pays en Europe, il faut parfois plusieurs mois pour constituer un gouvernement", temporise Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise sur TF1.

Quelques minutes plus tard, Marine Tondelier, son homologue des Écologistes, complète sur BFMTV-RMC: "Au Danemark, ils ont mis un mois et demi pour faire un gouvernement. En Allemagne, ils ont mis plus de deux mois. En Espagne quatre mois et aux Pays-Bas, ils ont mis 222 jours."
Le NFP pressé par ses adversaires

Reste que les adversaires du NFP n'ont pas attendu pour contester leur victoire. À commencer par Emmanuel Macron: "personne ne l'a emporté", a considéré le président de la République mercredi dans sa lettre aux Français. Le chef de l'État appelle à construire une "majorité solide" autour de "valeurs républicaines claires et partagées". Ce qui, dans son esprit, exclut LFI qu'il n'a eu de cesse de présenter hors de "l'arc républicain".

La stratégie semble claire: décrocher le wagon PS du train NFP pour le ramener dans l'escarcelle d'un bloc plus large qui irait jusqu'à LR, même si certaines personnalités du camp présidentiel, comme Gérald Darmanin, se tournent uniquement vers LR. Avec les mêmes fins cependant: démontrer qu'il existe une autre majorité, plus large.

Chacun pousse son avantage. Laurent Wauquiez et certains Républicains (LR) proposent un "pacte législatif". Le président du Sénat, Gérard Larcher, a promis sur BFMTV et RMC une motion de censure contre l'hypothétique gouvernement NFP, même si ce pouvoir appartient aux députés.

Même chose du côté de l'extrême droite. Le doute a planné, après que le secrétaire général du groupe RN à l'Assemblée, Renaud Labaye, a affirmé jeudi dans Le Figaro que sa formation ne "censurera(it) pas" obligatoirement un gouvernement de gauche dans le cas ou celui-ci proposerait "des mesures consensuelles".

Avant d'être recadré par Marine Le Pen: "Le groupe RN censurera tout gouvernement où des LFI et des écologistes auraient des responsabilités ministérielles."
"Il y a urgence"

Une course contre la montre s'est engagée. Elle met la gauche au défi de son unité. Certains s'impatientent et veulent que la pression change de camp. "Nous mettons beaucoup trop de temps, maintenant il nous faut sortir les noms. On perd du terrain", s'est alarmée la députée écologiste Sandrine Rousseau sur RMC ce jeudi. Tout en relevant un enjeu de crédibilité: "On inquiète d'une certaine manière en étant pas capable de sortir une équipe et un gouvernement."

"Il y a urgence", juge l'économiste et soutien du NFP Julia Cagé le lendemain sur X, appelant à ne "pas laisser à Emmanuel Macron la possibilité de voler aux citoyens la victoire électorale du bloc de gauche dimanche dernier".

Problème: l'horizon ne semblait pas tout à fait dégagé ce vendredi matin. Les discussions calent en raison notamment de désaccords entre socialistes et insoumis. Les seconds continuent de marteler une même règle qui leur donnerait la main. Celle, répétée par Manuel Bompard ce vendredi: "le groupe politique qui dispose du plan grand nombre de députés" dans la coalition, propose un nom de Premier ministre.
Les discussions coincent entre socialistes et insoumis

Mais comment faut-il compter? "Il ne vous aura pas échappé qu'il y a des sénateurs socialistes et que d'ores et déjà, nous avons plus de 120 parlementaires dans les deux chambres réunies, que la dynamique du groupe socialiste est extrêmement forte puisque nous augmentons considérablement nos effectifs à l'Assemblée nationale", soulignait Boris Vallaud, chef de file des députés socialistes, sur BFMTV mardi.

Lui, à l'image de sa famille politique, fait campagne pour le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, qui s'est dit "prêt à assumer" la fonction de Premier ministre. Un profil qui serait plus à même de rassembler, selon ses partisans.

Tout l'inverse, selon eux, de Jean-Luc Mélenchon, proposé par LFI aux côtés de trois autres noms, d'après Le Monde: Mathilde Panot, Clémence Guetté et Manuel Bompard. Tous des très proches du leader insoumis. Dans le journal, le dernier cité a déploré l'attitude des roses, jugeant que "le PS veut imposer la candidature d'Olivier Faure en excluant toute autre possibilité."

Le trait d'union peut-il venir d'une autre formation? Quid de l'option Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes aux interventions remarquées durant la campagne des élections législatives? "On a mis aussi des noms sur la table", répond l'intéressée sur BFMTV-RMC, refusant de s'arrêter sur son cas personnel, en appelant à ne "pas être focalisé" sur "l'étiquette de la personne qui va être Premier ministre".