Tarifs prohibitifs des péages et des carburants, bouchons, aires de repos surchargées ... l'autoroute des vacances conserve une image négative pour le caravanier. Pourtant, par rapport aux routes nationales, elle reste plus sûre et plus rapide pour se déplacer. L'autoroute nécessite tout de même un apprentissage à la traction du fait de la vitesse plus élevée qui s'y pratique et des phénomènes de turbulences et de vent.
Par rapport à la route secondaire classique, l'accidentologie est réputée moins élevée sur l'autoroute. Avec une caravane également, il suffit de rester dans sa voie et de rouler tranquillement -du moins on le croit-jusqu'à l'arrivée. La conduite en traction demande en effet autant d'attention que celle sur une route secondaire, avec un souci particulier pour la vitesse.
Les accidents liés à une caravane dont on entend le plus souvent parler sont dus soit à un éclatement de pneumatique, soit à une mise en lacet résultant d'une vitesse excessive ou d'un mauvais chargement de la caravane. Il faut donc reprendre point par point certains fondamentaux de la conduite. Bien entendu, tout attelage qui prend la route doit être révisé mécaniquement, tant du côté de la voiture que de la caravane.
Contrôle des pneumatiques
Vous avez pu le lire récemment (voir N° 175), l'état des pneumatiques est crucial tant pour la voiture que la caravane. La pression doit être également faite à froid avant de prendre la route : pour la voiture, fiez-vous au manuel technique qui peut préconiser un surgonflage de 200 ou 300 g quand on tracte (c'est-à-dire que le manufacturier rajoute cette valeur à la pression conseillée en solo). Pour la caravane, nous conseillons d'effectuer ce surgonflage dans la même valeur : le pneumatique chauffera moins, se déformera moins, et même si la caravane peut se montrer légèrement rebondissante, sa tenue de route sera meilleure.
Contrôle du chargement et du poids en flèche
Des vidéos sur internet ont largement vulgarisé cette notion de bon chargement. Un poids excessif sur l'arrière de la caravane va la faire louvoyer rapidement. Un poids excessif sur l'avant va écraser le train arrière de l'auto et délester son train avant, donc sa direction.
D'où l'image de voitures qui « lèvent du nez » et sont difficiles à piloter. Le bon équilibrage d'une caravane se fait au plus bas de son centre de gravité, au-dessus du passage de l'essieu et autour, en ayant soin d'avoir un appui suffisant au timon. On nomme ce dernier « poids en flèche », on le mesure en statique, quand la caravane stationne sur terrain plat.
Une roue jockey « pèse-flèche » ou la roue jockey posée sur un pèse-personne exprime cette masse en kilos. Si elle est trop faible (20/30 kg, voire négative -la caravane se relève au niveau du timon), le véhicule va rapidement louvoyer et entraîner un accident.
Exemple d'une roue jockey pèse-flèche avec indicateur gradué. Cette information est capitale pour la tenue de route. Surtout si l'on prend l'autoroute, où l'appui du vent, augmenté par la vitesse, déleste l'avant de la caravane.
Pour une caravane de 1000 kg environ, compter 60 kg environ pour assurer l'appui constant du timon sur la voiture, sans risque de louvoiement, car l'air, avec la vitesse, appuie sur la caravane et la déleste naturellement. D'où l'intérêt d'avoir du poids en flèche. La règle est d'avoir une valeur au timon correspondant entre 5 et 7 % du PTAC, mais cela ne prend pas en compte les valeurs maxi supportées par certaines têtes d'attelage (100 kg) ou les boules dont la valeur S (sauf pour les gros SUV) dépasse rarement les 80 kg. Du reste, ces 80 kg nous semblent une valeur correcte pour des caravanes de tourisme, sachant que l'on va rarement rouler à plus de 110 km/h - quand le PTRA le permet (voir encadré code de la route).
Contrôle de l'antilacet
Conçu justement pour pouvoir rouler un peu plus vite avec une caravane (10 à 15 km/ en allure de croisière), l'antilacet de tête d'attelage (type AKS d'AL-KO, Winterhoff ou Knott) doit avoir été révisé : des pastilles serrant toujours efficacement une boule d'attelage impérativement dégraissée et propre. Mieux vaut entendre des couinements dus au serrage de l'appareil...
Adapter sa vitesse
On ne parle pas ici de la vitesse réglementaire (voir encadré code de la route) mais d'une allure raisonnable, qui permet de conserver une distance correcte avec le véhicule qui précède (le freinage avec une caravane peut doubler en distance par rapport à une voiture seule). Règle numéro 1 : ne jamais doubler ou accélérer en descente ou sous le vent. Pour dépasser un poids lourd, rétrogradez et écartez-vous de lui pour ne pas être aspiré. Rabattez-vous plusieurs mètres devant lui. Si vous avez beaucoup de puissance sous le capot, doublez en côte : la caravane suivra parfaitement la trajectoire, alors qu'elle risque justement de louvoyer en descente, n'étant plus appuyée complètement sur la voiture, ou tirée par elle comme elle l'est en montée.
Si votre attelage est doublé par un autocar ou un poids lourd, écartez-vous légèrement sur la droite là encore pour ne pas subir d'aspiration.
Dans les descentes, évitez de solliciter les freins mécaniques : utilisez le frein moteur
Enfin, méfiez-vous des camions citernes et autocars qui génèrent, quand on les suit, des turbulences déstabilisantes pour votre attelage. Soit il faut doubler, soit il faut ralentir pour augmenter la distance entre eux et vous. Enfin, par fort vent, réduisez votre allure. Une carotte ou des panneaux indiquent souvent les endroits délicats, descente, passage sur un pont exposé aux turbulences...
Se reposer sur l'autoroute
Si l'on a la chance de trouver un emplacement de parking pour son attelage, on peut faire une bonne pause, indispensable pour la sécurité. Voire y passer la nuit, c'est permis car le ticket de péage a généralement une durée maximum de 24 heures. (elle est inscrite sur le ticket).
CODE DE LA ROUTE
Vitesse : gare au PTAC
La vitesse maximum réglementaire est la même quand on roule en auto ou quand on tracte une caravane, à moins qu'il existe une signalisation spécifique concrétisée par un panneau.
Attention, le Code de la route fait une restriction (article R 413-8) pour les attelages « lourds », constitués d'une caravane et de sa tractrice dont le PTRA est supérieur à 3 500 kg. Des limitations de vitesse plus basses existent alors, en tout temps, cela quel que soit le poids de la remorque. Ces vitesses sont les suivantes :
✔ 90 km/h sur autoroute,
✔ 80 km/h sur les routes à caractère prioritaire et signalées comme telles. Cette vitesse maximale est relevée à 90 km/h pour les routes à deux chaussées séparées par un terre-plein central.
Voies autorisées (article R 412-25, extrait)
Lorsqu'une route comporte trois voies ou plus, affectées à un même sens de circulation, il est interdit aux conducteurs (...) d'ensemble de véhicules dont la longueur excède 7 mètres d'emprunter d'autres voies que les deux voies situées le plus près du bord droit de la chaussée, sauf, en entravant le moins possible la marche normale des autres véhicules, pour préparer un changement de direction.