Marseille est marquée par l'incarcération dimanche d'un adolescent de 14 ans suspecté d'avoir tué un chauffeur VTC, et le meurtre mercredi d'un jeune de 15 ans brûlé vif. Depuis un an, des ateliers à l'école sensibilisent les collégiens pour éviter qu'ils tombent entre les griffes des trafiquants.
À Marseille alors que les tueurs et les victimes des réseaux de trafic de stupéfiants sont de plus en plus jeunes, des ateliers de prévention uniques en France ont été mis en place : depuis un an, des policiers sensibilisent des collégiens pour éviter qu'ils ne soient recrutés par les trafiquants et ne se retrouvent en première ligne sur les points de deal.
Dans une salle du Centre de loisirs jeunes de la police nationale, une classe de troisième d'un collège des quartiers Nord échange avec deux policiers de terrain. Vendeurs, guetteurs : les élèves ont entre 13 et 15 ans mais ils connaissent déjà le fonctionnement d'un point de deal. Alors le policier leur explique comment un trafiquant pourrait tenter de les recruter : "Tu rentres du collège et tu vois un grand du quartier, il te dit 'tu veux une nouvelle paire de baskets ' puis 'viens je t'offre un sandwich'.". À la question "Pourquoi ils recrutent des jeunes de votre âge ?", l'un des collégiens répond : "Parce que nous, on a une peine moins lourde."
"Vous êtes de la main-d'œuvre."
"Ils s'en foutent que vous alliez en prison, mais ils savent qu'au niveau de la justice, il y aura moins de sanctions, et que vous allez probablement ressortir et revenir travailler pour eux, vous êtes de la main-d'oeuvre", détaille le policier. Une main d'œuvre, que les trafiquants peuvent frapper, torturer, tuer, expliquent les policiers.
Cet échange est primordial pour ces collégiens selon Souror El Nabrawy, leur professeure : "C'est au bas de leur cité, ils ne se rendent pas compte à quel point ils sont exposés". Dans leur collège, raconte la professeure, il y a souvent des élèves qui sont convoqués au tribunal, pour avoir fait le guet sur un point de deal.