Une fenêtre de ciel bleu a permis à la fusée de décoller, de monter à 100 mètres de haut avant de ratterrir. Une prouesse digne de SpaceX.

Le ballet des F/A-18 a légèrement repoussé le grand moment mais ne l'a pas empêché. Ce jeudi à la base aérienne de Payerne, à 14 h 51 précisément, le «Colibri», petit nom de la fusée réutilisable du Gruyère Space Program, s'est envolé. Initialement prévue il y a quelques semaines, la démonstration tant attendue n'avait finalement pas eu lieu, la faute aux averses de fin septembre. Une fenêtre de ciel bleu a cette fois permis le décollage.

La prouesse, une première mondiale pour une bande d'étudiants, avait déjà été réalisée dans une gravière fribourgeoise. Mais toujours arrimée à une grue et jamais à cette altitude. Jeudi, pas moins de quatre drones et une cinquantaine de personnes, qui avaient dû passer leur téléphone en mode «avion» pour ne pas entraver la liaison entre la fusée et le centre de commande, avaient les yeux rivés sur le pas de tir. D'où la fusée s'est envolée sans entraves pour s'élever à 100 mètres de haut.

Là, son réacteur inclinable l'a fait se déplacer à l'horizontale de gauche à droite, revenir avant de ratterrir d'où elle avait décollé. C'est là que les cris de victoire ont retenti, signe que l'exploit réside plus dans le retour de la fusée à son point de départ que dans son décollage. Alors que l'Europe ne maîtrise toujours pas le concept de fusées réutilisables qui ont fait le succès de SpaceX, l'exploit est d'autant plus admirable.

Bijou de débrouillardise façon système D, avec son tube de chantier, sa bonbonne de plongée et ses ventilateurs d'ordinateurs, et de très haute ingénierie grâce à ses algorithmes, ses capteurs high-tech et son système de propulsion digne de la NASA, la fusée, qui ne revolera probablement pas - ses concepteurs ont d'autres projets - a tiré sa révérence de la plus belle des manières.