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«Tetris»: Nintendo et la fin du soviétisme


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Si vous avez vu passer les années 1980 de votre sous-sol parce que vous étiez scotchés à votre console Atari, Nintendo ou Sega, vous faites partie de l'histoire... et peut-être même de l'Histoire, celle avec un grand H, s'il faut en croire Tetris, qui débarque sur Apple TV + le 31 mars.

Quoi, un autre film tiré de l'univers des jeux vidéo d'une autre époque ? C'est exactement ça. Des images et de la musique en 8-bits à la clé. Mais c'est aussi complètement autre chose. Dans Tetris, c'est couche par-dessus couche de blocs qui s'empilent et qui finissent par s'imbriquer pour ensuite disparaître... mais les blocs ne sont pas ceux que vous pensez.

Car c'est l'histoire derrière le jeu dont il est question ici. Tetris le jeu, si on en croit les producteurs de Tetris le film, est partie intégrante des raisons qui ont mené à la chute de l'Union des républiques soviétiques socialistes (URSS). Rien de moins. Spasiba !

Taron Egerton (Kingsman, Rocketman) incarne Henk Rogers. À la fin des années 1980, ce programmeur et entrepreneur a négocié pas toujours au-dessus de la table avec Moscou, le KGB et Alexey Pajitnov, créateur de Tetris, les droits sur le jeu de blocs qui s'est ensuite retrouvé inclus par défaut dans la boîte du Game Boy, la première console de jeux vidéo portative et bon marché que Nintendo a mise en marché en 1989. Un succès en devenir.

Comme Tetris le jeu, Tetris le film fait découvrir au fil de ses 118 minutes un niveau après l'autre de corruption au sein de l'État soviétique. Un sacré casse-tête pour un simple programmeur qui a vu l'avenir du divertissement numérique dans un labo ultrasecret de Nintendo en Californie : le Game Boy, l'arrière-grand-père de la mobilité informatique.

On ne sait pas si Bonnie Tyler parle russe. Ce qu'on sait, c'est que son super tube Holding Out for a Hero ponctue une trame sonore résolument de son époque dans ce drame documentaire généreusement romancé. La dernière fois qu'on l'a entendue dans un film, la chanson animait les pas guillerets de Kevin Bacon dans Footloose... en 1984.

Ça ne rajeunit personne. Peut-être que si le président russe, Vladimir Poutine, est abonné à Apple TV +, il accusera lui aussi sa décadence. Voir un Mikhaïl Gorbatchev admettre que son pays est en banqueroute à trois capitalistes occidentaux prêts à lui donner des miettes pour acquérir les droits de publier Tetris en version mobile, puis faire arrêter un espion du KGB particulièrement ripoux, ça nous rappelle que les empires reposent parfois sur des fondations bien fragiles.

En tout cas, dans Tetris, de simples blocs à quatre segments tombent un à un... et finissent par renverser l'Histoire.
De « Tetris » à « Super Mario »

Le « printemps Nintendo » ne fait que commencer ! Car le 5 avril déboule dans les bons vieux cinémas The Super Mario Bros. Movie, un film d'animation basé sur un autre jeu culte du géant vidéoludique japonais. Que vous prononciez « Mario Brault », « Mario Brosse », ou « Mario Brodeur », sachez que vous n'avez pas fini d'entendre parler des voix et des accents, même en anglais.

Car la voix des acteurs, principalement celle de Chris Pratt dans le rôle du légendaire plombier italo-japonais, n'a aucune ressemblance avec celle entendue dans les jeux depuis le premier Super Mario Bros. paru sur console en 1985. Peut-être la version en français sera-t-elle plus convaincante ? À suivre.

Ceux qui ont bonne mémoire se rappellent peut-être que la principale nouveauté de ce jeu résidait dans la seconde chance fournie au joueur qui se heurtait à un ennemi, puis aux trois vies qu'il était possible de bonifier en accumulant des pièces d'or. Car, faut-il le préciser, dans les années 1980, il était normal de voir les héros des jeux vidéo mourir en cours de partie. Tout était alors à recommencer.

Le film produit par Nintendo et Illumination Entertainment est lui aussi une seconde chance sur un grand écran pour Mario et Luigi. On verra bientôt s'ils ont bouffé assez de champignons pour survivre au navet qu'aura été le Super Mario Bros. de 1993. Si c'est le cas, peut-être verra-t-on Mario se transformer en écureuil volant dans une éventuelle suite...
Une (autre) superproduction montréalaise en vue

Si vous permettez l'euphémisme, disons que les transpositions au cinéma - ou ces jours-ci, sur les plateformes numériques - des jeux vidéo n'ont pas toutes été couronnées de succès. La mise en ligne par HBO et Crave (au Canada) de la série The Last of Us pourrait signaler un changement de la tendance cette année. Plus d'un expert en jeu vidéo semble prêt à admettre que 2023 pourrait être l'année où les films et les séries télé dérivées de l'univers du jeu vidéo seront... bons.

En tout cas, ils seront nombreux : BioShock, Borderlands, Halo, et même...Gran Turismo sont attendus en salles dans les prochains mois.

On en sort avec l'impression qu'un jeu vidéo n'est pas un succès commercial s'il n'a pas son film ou sa série. Et si Assassin's Creed d'Ubisoft Montréal a eu droit à son heure de gloire hollywoodienne en 2016, un autre titre montréalais s'ajoutera bientôt à cette liste. Le studio Behaviour Interactive a annoncé à la fin février qu'il s'est associé au studio américain et spécialiste des films d'horreur Blumhouse (Halloween) pour décliner un long métrage inspiré de son jeu de plateforme Dead by Daylight.

« Le jeu est très cinématographique, le scénario est linéaire, ça fait une bonne histoire, explique Mathieu Côté, réalisateur pour Behaviour. L'univers du jeu vidéo prend sa place. Ce n'est plus une niche comme il y a 10 ans. Entre une série télé, une minisérie, un film, la ligne devient plus mince, y compris avec le jeu vidéo. Il suffit de trouver le bon format pour raconter des histoires. »

Certaines histoires sont simplement plus invraisemblables que d'autres. Le Game Boy qui fait tomber l'URSS... vraiment ?