Une étudiante iranienne est apparue pieds nus en sous-vêtement, samedi 2 novembre, pour protester contre le harcèlement de miliciens des Gardiens de la révolution. Alors que son sort est inconnu depuis son arrestation, la jeune étudiante est devenue un symbole de résistance dans le monde entier.
Une jeune femme marchant pieds nus en sous-vêtement, sans voile, les cheveux détachés, en Iran. L'image très marquante d'une étudiante iranienne se dévêtant pour protester contre le harcèlement de miliciens des Gardiens de la révolution a fait le tour du monde et l'acte de courage, vu des millions de fois sur les réseaux sociaux, a été salué dans de très nombreux pays.
L'étudiante, dont l'identité n'est pas connue, a été arrêtée et son sort reste incertain. Voici ce que l'on sait.
Une vidéo devenue virale en Iran et dans le monde
https://www.youtube.com/watch?v=9dC1poN4FOk
Samedi 2 novembre 2024, une jeune femme est apparue déshabillée devant une université iranienne. Une vidéo de l'évènement a été postée par le site étudiant iranien Amir Kabir. Elle a ensuite été reprise par de nombreux sites persans dont le site juridique Dadban, le groupe de défense des droits humains Hengaw et le site d'information Iran Wire, comme le relaie l'AFP.
Selon les premiers activistes ayant relayé la vidéo, la jeune femme était harcelée par des membres de la milice Basidj.
Si la jeune femme semble s'appeler Ahou Daryaei, on ignore avec certitude son identité. Tout juste sait-on qu'elle était étudiante à la prestigieuse université Azad de Téhéran. Elle était étudiante en langues et littérature française. L'université a expliqué qu'elle était mère de deux enfants.
L'agence iranienne Fars a fait état de l'incident et publié une photo floutée de l'étudiante. Selon l'agence, la jeune femme portait des vêtements « inappropriés » en classe et s'est « dévêtue » après avoir été mise en garde par les agents de sécurité.
La loi islamique en Iran impose un code vestimentaire très strict aux femmes, sommées de porter le foulard et des vêtements amples dissimulant leurs formes.
Depuis son arrestation, le sort de l'étudiante est inconnu
La jeune femme a directement été arrêtée. D'autres images montrent l'étudiante jetée dans une voiture par des hommes en civil. Des accusations de coups et de violences ont été portées. « Les allégations de coups et de violence sexuelle à son encontre pendant son arrestation doivent faire l'objet d'une enquête indépendante et impartiale », a demandé Amnesty Iran, branche d'Amnesty international, qui réclame sa libération « immédiate et sans condition ».
Son sort est totalement inconnu depuis cette vidéo.
Selon l'agence Fars, citant des « témoins », les agents ont parlé « calmement » à la jeune femme et n'ont pas agi de façon agressive. L'université, par la voix de son porte-parole sur X, affirme quant à elle que la jeune femme aurait des « problèmes mentaux ». Une stratégie souvent utilisée par le régime iranien pour discréditer les manifestantes, rappelle un article du média Iran Wire.
Vague d'émotion mondiale, l'Onu affirme qu'elle suivra « de près » cette affaire
Depuis, la vidéo est devenue virale partout dans le monde. Mai Sato, la rapporteuse spéciale de l'Onu sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran a promis sur X qu'elle « suivrait cet incident de près ».
Les femmes iraniennes sont à l'origine d'un mouvement de révolte inédit dans le pays après la mort de la jeune Kurde Mahsa Amini en septembre 2022, arrêtée pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire.
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Le mouvement Femme Vie Liberté a été massivement réprimé par les autorités iraniennes, avec au moins 551 morts et des milliers de personnes arrêtées, selon des ONG.