La «ginger beer» est devenue depuis quelques années la star des apéritifs pour les abstèmes. Cette boisson est pourtant bien loin du processus de fabrication classique de la bière et de ses caractéristiques. Mais alors pourquoi peut-on lui prêter le mot «beer» ?
Vous avez déjà forcément goûté ou entendu parler de ce breuvage réputé pour sa non-teneur en alcool. Avec la baisse de la consommation, surtout chez les jeunes, la ginger beer (littéralement «bière de gingembre») a véritablement séduit un nouveau public. Cette boisson d'origine jamaïquaine et démocratisée par les Anglais au XVIIIe siècle n'a pourtant rien à voir avec une bière malgré sa dénomination.
Comment est fabriquée la ginger beer ?
La ginger beer est obtenue grâce à un procédé de fermentation. Des racines de gingembre frais sont réduites en jus, ce dernier est ensuite mis en fermentation avec de la levure boulangère, selon les recettes, pendant quelques jours à une semaine. Comme pour le vin, un assemblage est ensuite réalisé avec un ajout de citron de sucre et d'épices. Les amateurs le savent, la ginger beer est une boisson pétillante, c'est-à-dire gazéifiée sans alcool, ce qui constitue déjà une différence principale avec une véritable bière.
Cela est dû à une évolution du processus de fermentation : pour la ginger beer, cette étape est plus courte et les micro-organismes présents dans le gingembre transforment majoritairement les sucres en gaz carbonique, et de manière bien moins importante, en alcool. Tandis que pour la véritable bière, une diversité de levures plus importante est utilisée lors de la fermentation et celles-ci ont tendance à davantage transformer le sucre en alcool qu'en dioxyde de carbone. Mais surtout, la ginger beer ne contient pas de houblon ni de malt, ingrédients clés de la bière conventionnelle. Et enfin, cette dernière n'est pas brassée, ce qui confère à la bière sa texture si reconnaissable.
Le nom «beer» est lié à son histoire.
Tout oppose donc les deux boissons. Le nom de «ginger beer» serait en fait lié au passé du breuvage et à une unique caractéristique d'élaboration. En réalité, la bière de gingembre n'a pas toujours été sans alcool. Elle en contenait lorsque l'Angleterre s'est emparée de la tendance au XVIIIe siècle. À l'époque, après le processus de fermentation, le mélange était brassé comme une vraie bière jusqu'à ce que le liquide atteigne entre 2 et 11 degrés d'alcool. Son nom «beer» était alors plus approprié. Aujourd'hui, tout ce qu'il reste d'une bière à la ginger beer, dont l'appellation n'est pas réglementée, c'est donc uniquement la fermentation.