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Mufasa : le réalisateur du film Disney a détesté l'expérience, voici pourquoi


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Lorsque Disney a annoncé que Barry Jenkins dirigerait Mufasa : Le Roi Lion, un préquel du film culte de 1994, beaucoup ont été surpris. Comment un cinéaste réputé pour son approche intimiste s'est-il retrouvé à la barre d'un blockbuster entièrement numérique ? Rappelons que le réalisateur est oscarisé pour Moonlight et connu pour ses drames émouvants comme Si Beale Street pouvait parler. Trois ans plus tard, Jenkins partage son expérience avec une franchise étonnante. Il nous révèle pourquoi ce type de cinéma n'est pas fait pour lui.

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Disney était un choix audacieux pour Barry Jenkins.

Barry Jenkins lui-même reconnaît l'étonnement général autour de sa nomination. Ce projet marquait une rupture radicale avec ses précédentes œuvres. Habitué à travailler avec des décors réels, des acteurs en chair et en os, et une lumière naturelle, Jenkins s'est aventuré dans un territoire inconnu : celui du cinéma entièrement numérique. En acceptant ce défi, il souhaitait explorer les possibilités offertes par les nouvelles technologies. Mais l'expérience s'est avérée bien différente de ce qu'il imaginait.

À l'instar de Le Roi Lion (2019) de Jon Favreau, Mufasa a été réalisé en utilisant uniquement des outils numériques. Il n'y a eu aucun plateau réel ni interaction physique entre les acteurs et les environnements. Jenkins décrit cette méthode comme particulièrement déstabilisante :

"Ce n'est pas mon truc... Je veux revenir à une méthode où tout est physiquement là. Ces personnes, cette lumière, cet environnement : comment les réunir pour créer une alchimie ?"

Pour un réalisateur habitué à capturer la subtilité des émotions humaines à travers une caméra, travailler avec des images générées par ordinateur était une expérience frustrante. Jenkins confie qu'il manquait la spontanéité et l'authenticité qui caractérisent son style :

J'ai toujours cru que ce qui est là est suffisant. Mais dans cet environnement, tout doit être imaginé, et cela limite la magie des moments imprévus.

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Un style unique dans un cadre rigide.

Malgré les contraintes du format, Jenkins a réussi à imprégner le film de sa signature artistique. Inspiré par des maîtres du cinéma lent comme Béla Tarr et Jia Zhangke, il a introduit des plans longs et fluides, une rareté dans les productions Disney. Ces séquences visuellement audacieuses ont toutefois inquiété les dirigeants de l'entreprise américaine. Ces derniers ont jugé certaines trop "lentes" pour un public habitué à des rythmes plus rapides. Cependant, Jenkins a maintenu son approche :

Nous avons essayé de tourner ces scènes en aussi peu de plans que possible, même si nous n'étions pas obligés de penser de cette manière.

En fait, le film raconte l'histoire de Mufasa, de son enfance en tant qu'orphelin à son ascension en tant que roi respecté de la Terre des Lions. Jenkins, fidèle à son talent de conteur, a cherché à infuser une profondeur émotionnelle dans ce récit, dépassant ainsi les simples effets visuels.

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Un avenir éloigné des blockbusters numériques.

Après avoir bouclé ce projet, Jenkins exprime clairement son désir de revenir à un cinéma plus traditionnel. Sa productrice, Adele Romanski, laisse entendre qu'il pourrait se consacrer à un biopic sur Alvin Ailey, célèbre chorégraphe américain :

Ce ne sera pas un film à 250 millions de dollars. Nous allons devoir embrasser un ensemble d'outils beaucoup plus limités.

Pour Jenkins, le retour à des productions plus modestes est une manière de retrouver la richesse tactile et émotionnelle qui caractérise son travail. Bien qu'il ait réussi à insuffler son style distinctif dans un film à grande échelle, il reste clair que cette méthode n'est pas faite pour lui :

J'aimerais retravailler dans l'autre sens, avec des éléments physiques sur place. Je crois toujours que la vraie magie réside dans ce qui est là, devant la caméra.

Malgré ses réserves, Jenkins a su transformer les contraintes en opportunités, offrant une vision unique de l'histoire de Mufasa. Alors que le film sort en salles le 19 décembre, il sera fascinant de voir comment le public réagira à ce mélange de tradition narrative et d'innovation technologique.