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À la clé, une nouvelle méthode d'étiquetage qui pourrait aussi fonctionner pour les cellules humaines et les bactéries.
Ce n'est pas parce que nous ne les entendons pas qu'ils ne font aucun bruit. Les virus, comme tout un chacun, produisent des décibels lorsqu'ils agissent ou se déplacent. Le média en ligne britannique IFLScience explique qu'il est important de s'y pencher, car leurs vibrations ultrasoniques, absolument inaudibles pour les humains que nous sommes, pourraient bien se révéler utiles. Tendez l'oreille.
Une équipe multidisciplinaire (composée d'experts en science des matériaux, optique, acoustique ou virologie) a travaillé main dans la main afin de développer un moyen de détecter les vibrations acoustiques émises par les particules virales. Au cœur de leur méthode se trouve l'utilisation de rayons lumineux, qui permettent de les étudier dans leur environnement naturel, développe le Dr Elad Harel, l'un des auteurs de l'étude, publiée le 21 janvier dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Les recherches n'en sont qu'à leurs débuts, mais l'idée globale est de tenter de déterminer si chaque particule possède sa propre signature acoustique, à la manière des empreintes digitales ou des flocons de neige. «Si nous pouvions voir ces signatures et qu'elles étaient uniques, alors nous pourrions vraiment ouvrir une toute nouvelle façon de faire de la biologie sur les micro-organismes, expose Elad Harel, chercheur à l'université d'État du Michigan. Vous pouvez immédiatement voir ce qui se passe [...] en temps réel. Vous n'avez pas besoin de développer des tests et de faire toutes ces études très approfondies. Vous pourriez le faire très, très rapidement.»
Respecter l'étiquette.
L'un des piliers de la recherche biologique est en effet l'étiquetage. À un niveau fondamental, de nombreuses cellules et tissus se ressemblent beaucoup. Pour séparer les différents types de cellules d'un organe, par exemple, ou pour distinguer les tissus sains des tissus malades, la science a recours à l'ajout d'étiquettes sur des structures ou des molécules spécifiques. Elles peuvent par exemple se présenter sous la forme de protéines qui brillent de différentes couleurs.
Seulement voilà, l'étiquetage des virus est particulièrement compliqué. «Il est spécifique à chaque virus», confirme Elad Harel. «Il faudrait le faire pour chaque nouvelle [...] mutation virale», ajoute-t-il, ce qui en fait un procédé «très chronophage, laborieux, coûteux». De là est née l'idée de tenter d'étiqueter les virus grâce aux vibrations acoustiques qu'ils produisent... Ou qu'on peut les forcer à produire. On peut les «frapper avec un marteau» pour les amener à «vibrer d'une manière très spécifique, sensible à sa structure et à ses propriétés».
Cette méthode très prometteuse permettrait de distinguer naturellement tous les types de virus. En outre, elle pourrait également fonctionner pour les bactéries, les champignons, les cellules humaines et animales. Les débouchés de ce nouveau processus de tri sont potentiellement nombreux. «Si vous avez une balle en acier et une balle en caoutchouc, elles vont se comporter très différemment, illustre le chercheur à l'université d'État du Michigan. Elles vont faire un bruit très différent quand vous les laissez tomber. C'est un peu la même chose ici. [...] Par exemple, les cellules cancéreuses ont des propriétés mécaniques très différentes des cellules saines.»
Selon les scientifiques, cette méthode a beaucoup de potentiel en matière de sciences fondamentales. Tout en reconnaissant que les recherches de son équipe n'en sont qu'à leurs débuts, Elad Harel évoque des applications dans le domaine de la création de nouveaux médicaments, mais aussi de diagnostics de maladies. L'étude laisse en effet entrevoir de très beaux lendemains pour les travaux sur l'acoustique des virus.