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Le réseau se présentait comme une entreprise d'investissement dans les énergies renouvelables. Il proposait aux professionnels comme aux particuliers de financer, notamment, des panneaux photovoltaïques.
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Le réseau avait mis au point un gigantesque et très sophistiqué système d'escroquerie. Organisé via des sociétés fictives à travers une dizaine de pays, des «mules bancaires» qui réceptionnaient les virements et des outils numériques avancés, il a été démantelé fin janvier par la gendarmerie nationale lors de l'interpellation de sept personnes, identifiées comme les têtes pensantes, en France, en Espagne, et en Israël, d'après une information de Franceinfo, confirmée au Figaro ce mercredi.
Cette escroquerie à grande échelle, dont les méthodes ne sont pas sans rappeler la fraude à la TVA sur les quotas de carbone, était - elle aussi - pilotée depuis Tel-Aviv. Elle proposait de faux investissements dans les énergies renouvelables, et plus particulièrement les panneaux photovoltaïques, à des professionnels comme des particuliers. C'est grâce à la plainte de l'une des victimes, un chef d'entreprise originaire de Haute-Savoie, que les enquêteurs ont pu remonter la trace des malfaiteurs, au cours d'une opération policière et judiciaire «hors norme».
Réseau basé à Tel-Aviv
En 2022, ce chef d'entreprise vient de vendre sa société et cherche à investir. Il se tourne alors vers ce qu'il pense être Iberdrola, un fournisseur espagnol d'énergie. Induit en erreur par des documents falsifiés, il signe avec la fausse société six contrats d'investissement dans des panneaux photovoltaïques, le tout pour un montant d'1,5 millions d'euros.
À mesure que les transactions opèrent, sa banque décèle in extremis la nature suspecte des comptes où sont virées les sommes d'argent, permettant d'intercepter plusieurs transactions, pour un montant de 250.000 euros. En parallèle, l'enquête ouverte par le parquet d'Annecy impose un certificat de gels de biens à l'étranger, et bloque aussi 450.000 euros de ce chef d'entreprise partis sur des comptes espagnols. En dépit de la réactivité des autorités, le préjudice de cet homme s'élève à 1,25 million d'euros.
Circuit de blanchiment
Au gré de ces investigations, les gendarmes de la Haute-Savoie et ceux de la Section de recherches de Grenoble ont mis à jour un système de fraude particulièrement «complexe», reposant sur des sociétés fictives en Europe - au Portugal, en Hongrie, en Croatie, en Allemagne et en Italie - mais aussi en Turquie, en Grande-Bretagne, et à Gibraltar. Au total, d'après la gendarmerie, des flux financiers représentant 4 millions d'euros ont transité sur des comptes bancaires. Des transactions à hauteur de 130 millions de dollars, réalisées sur une soixantaine de comptes en cryptomonnaie servant le circuit de blanchiment, ont également été identifiées.
Lors des perquisitions, menées sous la coordination d'Europol (l'agence européenne de police, NDLR) en France, en Espagne, et en Israël, d'importantes sommes d'argent ont été retrouvées en numéraire, mais aussi une demi-dizaine de montres de luxe, et des dizaines de pierres précieuses. Des documents frauduleux évoquant la création de sociétés fictives à l'étranger et l'ouverture de plusieurs comptes bancaires, ainsi qu'une trentaine de cartes bancaires, ont également été saisis.