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Les Français sont de plus en plus allergiques, et les pollens de plus en plus présents. Face à cette prolifération, tests de diagnostic, traitements et gestes préventifs deviennent essentiels pour limiter l'impact des allergies sur notre santé.
Les pollens, porteurs des gamètes mâles des plantes à graines, sont transportés par le vent et essentiels à leur reproduction. Mais certains, comme ceux des bouleaux, graminées, cyprès ou ambroisie, peuvent provoquer des réactions allergiques invalidantes quand ils entrent au contact de nos yeux ou de nos voies respiratoires.
Ce dimanche 16 février, le réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) a placé 30 départements en alerte rouge pour les allergies au pollen. En France, le pollen est présent dans l'air quasiment toute l'année, environ 10 mois sur 12, selon les régions. Divers symptômes peuvent être le signe d'une allergie au pollen, notamment des démangeaisons, un nez bouché, de l'asthme, une conjonctivite ou encore une toux. Diagnostic, risques, moyens de lutte... Le Figaro fait le point.
Comment diagnostique-t-on une allergie au pollen ?
« Les tests cutanés permettent d'avoir un résultat en 20 minutes », rappelle le Dr Pascal Bousiquier, allergologue dans le 7e arrondissement de Paris. Cela consiste à appliquer de petites doses d'allergènes sur la peau, généralement sur l'avant-bras ou le dos, puis à piquer légèrement la surface, et d'observer si le corps réagit : si rougeurs ou démangeaisons apparaissent, l'allergie est présente.
Des tests sanguins sont aussi disponibles, mais les délais d'attente pour avoir les résultats sont plus longs, entre une à deux semaines. Le test mesure la quantité d'anticorps spécifique dans le sang produit par l'organisme en réponse à un allergène.
Dans les deux cas, différents allergènes sont testés, afin de déterminer lequel déclenche une réaction allergique.
Peut-on mourir d'une allergie respiratoire ?
Une rhinite allergique, qui correspond à une inflammation des voies respiratoires due à une allergie, peut parfois évoluer en asthme. « On ne meurt pas d'une rhinite allergique, mais si elle se complique en déclenchant des crises d'asthme, ces dernières peuvent être fatales, si elles sont sévères, indique le Dr Pascal Bousiquier. Environ 1000 décès par an sont recensés en France à cause de l'asthme, bien que tous ne soient pas directement liés à une allergie initiale. »
Les enfants ou les personnes âgés sont-elles plus à risque ?
« Les personnes âgées ne sont pas plus à risque, à l'inverse le risque d'allergie diminue avec l'âge », commente le Dr Pascal Bousiquier. En revanche, c'est durant l'enfance ou l'adolescence que les allergies au pollen se développent ; les plus jeunes y sont donc plus vulnérables, d'autant que la présence d'une allergie favorise le développement de l'asthme.
Existe-t-il des moyens de se protéger ?
Le réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) conseille de se rincer les cheveux le soir, d'aérer la maison au moins 10 minutes par jour avant le lever ou après le coucher du soleil, et d'éviter les autres facteurs irritants ou allergènes, tels que les parfums d'intérieur ou le tabac.
À l'extérieur, il est recommandé d'éviter la pratique sportive, de faire sécher du linge dehors, ou encore d'ouvrir les fenêtres de sa voiture lorsqu'on conduit.
Quels médicaments prendre pour limiter les symptômes ?
Pour atténuer les symptômes de la réaction allergique, il est possible de prendre des antihistaminiques, des médicaments qui bloquent la production d'histamine, produite lors de la réaction allergique. Ils ne guérissent pas l'allergie, mais réduisent les symptômes (éternuements, démangeaisons et écoulement nasal). Les antihistaminiques sont accessibles sans ordonnance en petite quantité, mais un traitement au long cours nécessite une prescription médicale. En cas de troubles respiratoires plus marqués, des corticoïdes peuvent également être prescrits. Un pharmacien peut aussi vous conseiller vers un traitement plus ciblé sur la gêne que vous éprouvez, comme un spray nasal ou une solution pour les yeux.
Est-il possible d'en guérir ?
La seule approche permettant de réduire durablement une allergie au pollen est la désensibilisation, car elle traite la cause de l'allergie, et non simplement ses symptômes. Ce traitement, sous forme liquide ou en comprimés, consiste à exposer progressivement l'organisme à de petites quantités d'allergènes. L'objectif est d'habituer le système immunitaire afin qu'il ne le considère plus comme une menace. « C'est un traitement à prendre tous les jours, à commencer 2 à 4 mois avant la saison, à poursuivre durant celle-ci ou même toute l'année, sur une durée de 3 ans en moyenne », indique le Dr Pascal Bousiquier. « On peut en effet dire qu'il guérit, continue-t-il, certaines personnes vont être tranquilles pour toute leur vie, d'autres pour quelques années. »
Y a-t-il de plus en plus de Français allergiques au pollen ?
Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), près d'un adulte français sur trois et 20 % des enfants de plus de 9 ans seraient touchés par des rhinites saisonnières liées à une allergie aux pollens. Le changement climatique et la pollution de l'air favorisent la progression des allergies, intensifient les symptômes et prolongent les périodes à risque. « En 2050, on estime que 50 % de la population sera touchée par des allergies, toutes types confondus », avertit le Dr Pascal Bousiquier.