L'histoire d'Internet commence par un échec. Le 29 octobre 1969, lorsque des étudiants de l'université de Californie Los Angeles (UCLA) tente de se connecter à un ordinateur de l'Institut de Recherche de Stanford en tapant « login », seuls les deux premiers caractères, « lo », sont transmis. La deuxième tentative sera la bonne.
Elle valide une précédente expérience, locale cette fois dans les locaux de l'UCLA, qui avait permis de relier deux « calculateurs » (les ordinateurs personnels étaient encore de la science fiction). Fin novembre, la connexion entre les machines de l'UCLA et Stanford devient permanente et le 5 décembre 1969, des machines des universités de Santa Barbara et de l'Utah viennent s'y greffer pour former Arpanet, l'ancêtre d'Internet.
Arpanet était financé par la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), une agence du ministère de la Défense américaine chargée de développement de nouvelles technologies militaires. Le projet, supervisé par le professeur Leonard Kleinrock de l'Ucla, visait à construire un réseau de communications informatique décentralisé et économique afin de maintenir la liaison des principaux commandements du pays. Le mythe voudrait que ce réseau puisse résister à une éventuelle attaque massive des centres de communication du pays par l'URSS, la guerre froide entretenant la peur des attaques nucléaires.
Arpanet permettait l'envoi des données de manière fragmentée en « paquets » recombinés à leur arrivée, lesquels pouvaient emprunter des chemins différents pour atteindre leur destination finale via le contrôle des routeurs, les « nœuds » du réseau. Ainsi, à partir d'un maillage assez large, même si une partie du réseau physique était indisponible, les communications entre deux terminaux étaient « re-routées » assurant ainsi la communication. L'Internet de nos jour ne fonctionne pas autrement.
Si Arpanet avait des velléités militaires, les universitaires s'emparent vite du réseau et de nombreuses machines s'y ajoutent. Pour des raisons d'uniformisation du réseau, Arpanet est abandonnés au profit du protocole TCP/IP mis au point en 1974 par l'équipe de Vinton G. Cerf aujourd'hui considéré comme le « père » d'Internet. Le TCP/IP est en effet le protocole toujours employé aujourd'hui. Mais, si au milieu des années 1980, un millier de machine sont reliées entre elles, c'est le web, ou plus exactement le « world wild web » qui, en proposant une interface basée sur le lien hypertexte, va simplifier la liaison des documents (les « pages » web) entre eux et leur consultation via un principe de navigation dynamique. Le Web est mis au point en 1991 par Tim Berners-Lee et ses équipes du CERN de Genève.
S'ensuivra l'apparition du premier navigateur graphique stable, NCA Mosaïc en 1993 développé sous la responsabilité de Marc Andreessen qui commercialisera ses développements avec Netscape Navigator en 1995. Suivront Internet Explorer, Opera, Firefox (né de la chute de Netscape), Safari... Entre temps, Internet s'organise autour des serveurs de noms de domaines (DNS) qui permettent de traduire une adresse numérique en adresse alphabétique plus simple à mémoriser (62.128.130.61 en Silicon.fr, par exemple).
La micro-informatique se démocratisant dans les foyers, les développements de services en ligne n'ont cessé de se multiplier. Aujourd'hui, les Facebook, Twitter, MySpace, Yahoo, Google, Ebay, Wikipedia, le P2P, les blogs, la messagerie instantanée, l'e-mail, etc., animent aujourd'hui le web auprès d'1,6 milliard d'internautes dans le monde. Et ce n'est qu'un (bon) début. Selon les propos de Leonard Kleinrock recueillis par l'AFP, «la prochaine étape, c'est de faire entrer [Internet] dans la vraie vie».