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Message 1 Discussion postée le 02-01-2025 à 18:45:53

El Roslino
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« J'ai eu 15 minutes pour prendre mes affaires et quitter le bureau » : la face cachée du rêve U.S.A

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« J'ai eu 15 minutes pour prendre mes affaires et quitter le bureau » : la face cachée du rêve américain

Les Etats-Unis sont le deuxième pays d'accueil des expatriés français, juste derrière la Suisse. Si les salaires et les perspectives d'évolution sont attractifs, les Frenchies installés sur place doivent aussi composer avec certaines différences culturelles. Ils nous racontent l'envers du décor.

« J'ai été prisonnier de mon job pendant 5 ans et demi »
, explique David, responsable de projets dans le secteur bancaire à Chicago. Ce trentenaire fait partie des quelque 150.000 Français expatriés aux Etats-Unis et comme nombre d'entre eux, il a débarqué outre-Atlantique avec un visa L-1. C'est-à-dire un document lui permettant de travailler pour la filiale américaine de son entreprise. Sur le papier, sa situation faisait rêver. « Au début, j'étais excité ! Travailler dans la finance aux Etats-Unis pour un salaire de 130.000 dollars à 28 ans me procurait un sentiment de réussite assez grisant... Je n'étais pas loin de l'euphorie ! »

Puis très vite, l'Amérique s'est transformée en prison dorée. « Sous ce visa on n'est pas libre, car notre présence [sur le sol américain] est liée à notre job ». Impossible donc de le quitter sans perdre ce précieux sésame et être contraint de rentrer en France... et d'abandonner ce que l'on a parfois mis plusieurs années à construire.

Autant dire que même lorsque leur job n'est pas satisfaisant, les options des Français sous visa sont limitées. « Ton employeur a un impact sur ta vie privée et il le sait. Je n'ai pas été augmenté d'un centime les trois premières années et on m'a déjà dit 'si tu n'es pas content la porte est ouverte et la frontière est là-bas'. »

Même lorsque l'entreprise propose les fameux Unlimited Paid Time Off (congés illimités), les salariés savent qu'ils peuvent difficilement poser plus de trois semaines par an sous peine d'être mal vus. Pour Margaux, qui travaille dans la tech à New York depuis plus de dix ans, « il vaudrait mieux être moins obsédé par le boulot et prendre des vacances, ne serait-ce que pour se poser, réfléchir à soi et à la société, se remettre en question, souffler ».

Mais selon Pamela Strawgate, consultante interculturelle chez Akteos, le rapport au travail des Américains s'est forgé il y a plusieurs siècles. « En France, on travaille pour vivre, avoir une belle qualité de vie. Aux Etats-Unis, on vit pour travailler.

Le pays a été fondé sur l'éthique protestante qui accordait une grande importance à la méritocratie. On considérait comme normal de travailler dur pour honorer la gloire de Dieu et montrer les grâces que l'on avait en échange (argent, biens, propriétés, etc.) ». Ce qui explique d'ailleurs pourquoi il n'est pas tabou de parler d'argent aux Etats-Unis et que les salaires sont quasiment toujours affichés sur les offres d'emploi.

Des relations interpersonnelles moins personnelles

A cela s'ajoute le contexte social. En France, l'Etat prend en charge le chômage, la maternité, la maladie ou encore la retraite. Ce qui offre une certaine sérénité aux travailleurs. Aux Etats-Unis, ce n'est pas le cas. La plupart du temps, les Américains ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

« Dès l'enfance, tu dois être le meilleur car les études et la santé sont chères et tu ne peux pas compter sur le gouvernement, explique Antoine Faugeres, directeur chez Global Business Culture, une agence qui coache les expatriés et professionnels souhaitant travailler avec les Américains. Il faut se battre, être un peu agressif dans son approche pro pour avoir des résultats et suffisamment d'argent pour s'en sortir. Ils ne perdent pas de temps, sont très efficaces, pragmatiques et se prennent très au sérieux dans le cadre pro. »

Tout ceci crée une société plus compétitive et individualiste qui contraste avec ce que connaissent les Français. « Cela manque parfois de collaboration, c'est un peu 'chacun pour sa gueule' », estime Margaux. « Il y a moins de solidarité », confirme David.

Et cela se ressent dans les relations entre collègues. « A Paris, j'avais l'impression de connaître mes collègues et d'avoir une relation de proximité avec eux, poursuit-il. Notamment parce qu'on déjeunait et prenait des cafés ensemble. Ici, quasiment tout le monde mange à son bureau. Il n'y a pas vraiment de pause déj. Même le café, ils le boivent à leur bureau. Les relations interpersonnelles sont superficielles. On bosse ensemble mais on ne se connaît pas vraiment. Il n'y a qu'avec d'autres Français que je discute à la machine à café. »
Business is business

Si les Américains sont à ce point investis dans leur job, c'est aussi qu'ils ne bénéficient pas de la sécurité de l'emploi qu'offre le CDI français. La majorité de leurs contrats de travail sont régis par le principe « at-will employment », qui permet au salarié ou à l'employeur de mettre fin à la relation de travail sans justifier d'une raison particulière, ni préavis...

Pour les expatriés sous visa, dont on rappelle que la présence sur le sol américain dépend de leur job, la pression est de taille. « Votre boîte ne se sent pas obligée de vous garder, même lorsqu'elle vous fait venir de l'étranger, raconte Céline, 34 ans, employée dans l'industrie du bijou à New York. Ils m'ont fait venir et m'ont viré au bout de six mois au moment de leur période creuse. J'ai été convoquée un jeudi à 16 heures, on m'a annoncé mon licenciement immédiat et j'avais quinze minutes pour rassembler mes affaires. C'était traumatisant. »

    Le service RH et le CEO m'ont annoncé que mon poste venait d'être supprimé. En raccrochant, je n'avais déjà plus aucun accès : je n'ai même pas pu dire au revoir à mes collègues.
    Isabelle, manager dans le marketing

Isabelle a été licenciée deux fois en sept ans, dont une fois par téléphone : « Le service RH et le CEO m'ont annoncé que mon poste venait d'être supprimé. En raccrochant, je n'avais déjà plus aucun accès, ils avaient tout coupé instantanément. Je n'ai pas pu dire au revoir à mes collègues et n'ai jamais eu de nouvelle de ma manager. C'est déshumanisé, hyperfroid et dur. »

Mais là encore, c'est culturel. « Pour les Américains, ce n'est pas un traumatisme d'être licencié, explique Antoine Faugeres. Ce n'est pas une bonne nouvelle non plus, mais ils le vivent beaucoup mieux car le marché de l'emploi est très dynamique ». Les Etats-Unis ont en effet un taux de chômage de 4,2 % (novembre 2024).

« De son côté, la France a connu un taux proche des 10 % jusqu'en 2017, précise Pamela Strawgate. Donc quand les Français perdaient leur travail, il leur était difficile d'en retrouver un. De plus, les Américains sont très mobiles, beaucoup plus que les Français. »


Si autant d'expatriés Français ont élu domicile aux Etats-Unis, c'est quand même qu'il y fait bon vivre et que les opportunités y sont nombreuses. « Tout ça fait partie des anecdotes à raconter et de l'expérience culturelle », affirme David, qui vient enfin de recevoir sa Green Card (le titre de résident permanent). Aujourd'hui je me dis que ça valait la peine de serrer les dents. » Malgré ses deux licenciements, Isabelle reconnaît aussi que « la culture américaine a du bon ». « Car dans mon secteur en France, on a souvent 3 mois de préavis. C'est plus dur de démissionner. Ici tu es quand même plus libre d'accepter d'autres opportunités. »

« Aux Etats-Unis, on vit pour travailler »

Bien sûr, travailler aux Etats-Unis offre de nombreux avantages. Mais les Français qui s'y installent doivent tout de même composer avec des différences culturelles qu'ils n'avaient pas forcément anticipées. Et qui peuvent parfois rendre l'aventure sous visa éprouvante. Car qui aspire à travailler outre-Atlantique doit naturellement renoncer à tous les avantages sociaux auxquels il était habitué en France : la semaine de 35 heures, cinq semaines de congés payés minimum, la sécurité de l'emploi, la Sécurité sociale, la retraite ou encore les prud'hommes, dont il n'existe ici aucun équivalent.
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Aux Etats-Unis, le temps de travail hebdomadaire est d'en moyenne 40 heures (voire plus) et les congés payés dépassent rarement deux semaines par an. « Et encore, il leur arrive de reporter leurs vacances, explique Isabelle, 35 ans, manager dans le marketing. Je suis la seule à en avoir posé pendant la crise sanitaire. Ça a tellement surpris mes collègues qu'ils m'ont demandé de leur expliquer comment je m'étais organisée pour me libérer dix jours ».

 

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