Ce qu'il faut retenir du discours de Donald Trump devant le Congrès

    Le président américain a prononcé, mardi, un discours d'une heure et quarante minutes dans une atmosphère de tension entre républicains et démocrates.

    Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques avec le reste du monde dès le 2 avril, reconnaissant que sa guerre douanière allait provoquer « quelques perturbations » pour les Américains.

    Il a affirmé avoir reçu une lettre du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, indiquant que « l'Ukraine [était] prête à se présenter à la table des négociations, dès que possible, pour se rapprocher d'une paix durable ».

    Il a répété qu'il souhaitait « reprendre le canal de Panama » et « obtenir » le Groenland, « d'une manière ou d'une autre ».

    Le locataire de la Maison Blanche s'est attaqué plusieurs fois au « wokisme », se félicitant d'avoir mis « fin à la tyrannie des prétendues politiques de diversité, d'équité et d'inclusion ».

    Il a également réclamé au Congrès une loi « interdisant et criminalisant définitivement les changements de sexe sur les enfants » : « Notre message à chaque enfant américain est que vous êtes (...) exactement comme Dieu vous a créé. »

    Félicitant Elon Musk pour son travail dans sa lutte contre le « gaspillage », il a menacé les fonctionnaires fédéraux d'être « immédiatement démis de leurs fonctions » s'ils résistent au « changement ».
    Chargée de la réplique par les démocrates, la sénatrice du Michigan, Elissa Slotkin, a reconnu que « l'Amérique [voulait] du changement ». Mais elle a assuré également : «  [Il est possible] de réaliser ce changement sans oublier qui nous sommes en tant que pays et en tant que démocratie. »

11:17 Tchat

    Bonjour,
    Est-ce que vous pensez que ça peut continuer 4 ans à ce rythme ?
    Un mandat effréné à ce point est-il possible ?

Anne

Bonjour Anne,
merci pour votre question, nous ne le souhaitons pas car nous sommes très attentifs à la santé de nos correspondants aux Etats-Unis, Piotr Smolar, Arnaud Leparmentier et Corine Lesnes ! Plus sérieusement, Donald Trump avait besoin d'un effet de souffle pour aller le plus loin et le plus vite dans son projet avant que les résistances se mettent en place. Nous allons voir dans les prochaines semaines s'il a réussi à créer une situation nouvelle, y compris au niveau des institutions, ou bien si les « freins » et « contrepoids » vont se remettre à fonctionner à propos notamment des dispositions qui violent la Constitution. Dans le schéma qui prévalait jusqu'alors, un président est au pic de son pouvoir en début de mandat, hors circonstances exceptionnelles, et il ne cesse ensuite de s'affaiblir, parce qu'il devient comptable d'un bilan, notamment avec les élections de mi-mandat, surtout s'il ne peut pas se présenter (ce qui est le cas de Donald Trump), ce qui fait immédiatement de lui un lame duck president, un « canard boiteux ». Est-on toujours dans cette configuration ? C'est ce que nous essaierons de comprendre dans les mois qui viennent.

L'heure est venue pour moi de mettre un terme à ce riche échange. Encore une fois, nous vous remercions pour vos questions et pour votre fidélité. Bonne journée à toutes et à tous.
Gilles Paris

11:03 Tchat

    Quand Donald Trump parle de prendre le Groenland et le canal de Panama par tout les moyens possible, faut il entendre par là qu'il est prêt à utiliser la force militaire si besoin ?

Vivifaure35

Bonjour Vivifaure35,

Merci pour votre question. Je me permets de reproduire la citation entière à propos du Groenland: « Nous en avons vraiment besoin pour la sécurité internationale et je pense que nous allons l'obtenir. D'une manière ou d'une autre, nous l'obtiendrons. »

C'est évidemment très alarmant et le fait que le président des Etats-Unis utilise cette menace militaire comme moyen de pression sur un allié pour s'attaquer à la souveraineté d'un territoire sur lequel il n'a strictement aucun droit alimente une érosion des normes internationales. Il s'agit certes de jouer avec la force pour ne pas l'utiliser. On voit ce qui se passe avec le canal de Panama, où deux ports situés à proximité et détenus par le géant hongkongais Hutchison vont être cédés à un consortium américain dirigé par la société d'investissements BlackRock après les menaces similaires de Donald Trump.

Mais ce jeu est un jeu très dangereux qui adresse un signal dévastateur à toutes les puissances prédatrices, grandes et moyennes, et elles sont nombreuses. Un effet inattendu des menaces envers le Canada, promis pour sa part au sort de 51e Etat américain, en revanche, est le regain du patriotisme qui se traduit par un boycottage de produits américains et des intentions de vote en très nette hausse pour le Parti libéral aux dépens des conservateurs dans la perspectives des prochaines élections législatives.
Gilles Paris

10:50 Tchat

    Bonjour,
    Etant donné que cela ne fait qu'un mois (environ) que Trump, cette tension et cette volonté de coercition ne risquent-elles pas de provoquer des troubles, voire des émeutes ? Le pays a l'air vraiment clivé, et les américains ont le droit et le devoir de se révolter face à ce qu'ils estiment la tyrannie selon leur constitution, non ?

Chris

Bonjour Chris,
On ne voit pas jusqu'à présent aux Etats-Unis de mobilisations aussi fortes que dans les premiers mois du premier mandat de Donald Trump, alors que les enjeux sont incomparables : risques sur les institutions, nuages sur l'économie, guerres multiples dans lesquelles les Etats-Unis sont impliqués d'une manière ou d'une autre.

Ce qui était frappant hier, c'était l'hostilité entre les deux partis alors que ce genre d'exercice, surtout en début de mandat, est généralement l'occasion de célébrer le pays plus que le parti. Donald Trump a mentionné hier l'hostilité de ses adversaires.

Je ne résiste pas à la tentation de citer ce passage. « Je réalise qu'il n'y a absolument rien que je puisse dire pour les rendre heureux ou pour qu'ils se lèvent, sourient ou applaudissent. Je ne peux rien faire. Je pourrais trouver un remède à la maladie la plus dévastatrice, une maladie qui anéantirait des nations entières, ou annoncer les réponses à la plus grande économie de l'histoire ou l'arrêt de la criminalité à des niveaux les plus bas jamais enregistrés, et ces gens assis ici n'applaudiront pas, ne se lèveront pas et n'applaudiront certainement pas à ces réalisations astronomiques », a-t-il dit.

C'était juste après avoir qualifié Joe Biden de « pire président de l'histoire américaine », et il n'a cessé d'attaquer pendant une heure quarante l'administration sortante. Donald Trump a prononcé hier un discours électoral, pas un discours de président au sens où on l'entendait avant lui.
Gilles Paris
10:40 Tchat

    Bonjour, merci pour le live. Est-ce que Trump a parlé d'un potentiel dégel des aides Américaines pour l'Ukraine ?

Zarmalaïte

Bonjour Zarmalaïte,
Non, il s'est contenté de lire des extraits de la lettre de Volodymyr Zelensky dans lesquels ce dernier exprimait son désir de paix et sa reconnaissance envers les Etats-Unis. Il n'a rien dit non plus des garanties de sécurité américaines que demandent les Ukrainiens et les Européens dans l'hypothèse d'un cessez-le-feu et a fortiori d'un accord de paix. Il s'agit du principal sujet de contentieux actuel entre Washington et ses alliés historiques.
Gilles Paris