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Solenne
Les salariés d'Alcatel-Lucent refusent d'être externalisés chez HP
Les salariés français d'Alcanet, la filiale informatique du groupe Alcatel-Lucent, viennent de boucler leur troisième journée de grève. Un mouvement bien suivi qui vise à dénoncer l'opacité du transfert de leur filiale à HP, qui assurera l'infogérance du groupe. Les salariés s'inquiètent pour l'avenir de leur emploi.
Depuis vendredi, les informaticiens d'Alcatel-Lucent ont entamé un mouvement de grève contre le projet d'externalisation de leur activité, regroupée au sein d'une filiale baptisée Alcanet, qui doit être transféré chez HP. "Un mouvement dur", selon un représentant syndical CFDT, qui parle de 200 à 230 grévistes sur un total de 260 salariés en France. Selon lui, alors que le mouvement est dans sa troisième journée, l'arrêt des interventions commence à avoir des conséquences sur les applications utilisées en interne, applications qui ne sont plus maintenues par les équipes d'Alcanet. "Pour l'instant, il s'agit d'un mouvement français. Mais une solidarité est en train de se créer avec nos collègues belges et allemands", ajoute le syndicaliste, qui prévoit une manifestation européenne la semaine prochaine devant le siège du groupe, rue de la Boétie, à Paris.
La CFDT et la CFE-CGC dénoncent l'opacité du transfert de la filiale à son nouvel actionnaire, HP. Et redoutent les conséquences sociales à moyen terme. Pour l'instant, le transfert de la filiale (il ne s'agit pas d'un L122-12 contrairement à la plupart des autres externalisations) s'accompagne d'une garantie d'emploi de 18 mois. Insuffisant pour les représentants du personnel : "les salariés ont l'impression d'échanger un CDI contre un CDD", commente le délégué CFDT. Et de réclamer que la période de garantie sur l'emploi soit portée entre 36 et 48 mois, soit la durée nécessaire à la période de transition et de transformation, pendant laquelle l'infogéreur prend en main l'informatique du donneur d'ordre et la rapproche de ses propres pratiques de production. Autres demandes des deux organisations : donner aux plus de 55 ans la possibilité d'intégrer le PSE dAlcatel-Lucent et offrir des options de reconversion, de formation ou de mutation dans le groupe pour les salariés refusant l'externalisation.
Peur d'être poussé doucement vers la sortie
Dénonçant un plan social par externalisation, le syndicaliste explique que les salariés ne sont pas "rassurés" d'aller chez HP-EDS, dont l'actualité sociale ces derniers mois a été marquée par plusieurs plans de licenciements. "On ne pèsera pas bien lourd dans un groupe comme HP, qui, dans la phase de rationalisation des coûts promise par contrat à Alcatel-Lucent, industrialisera les processus et fera appel à ses centres offshore. Les salariés ont peur d'être remplacés tout doucement." Selon la CFDT, les demandes des représentants du personnel se sont pour l'instant heurtées à une fin de non-recevoir de la part de la direction.
Rappelons qu'en juin dernier, l'équipementier télécoms franco-américain a annoncé le choix de HP pour l'externalisation de son informatique. Le contrat, d'une durée de dix ans, concerne les infrastructures informatiques et s'accompagne du transfert de plus de 1 000 salariés dans le monde. Le budget infrastructures IT d'Alcatel-Lucent représenterait environ 200 millions d'euros par an.
Opposition des salariés dès l'annonce
Le choix de HP ne constitue d'ailleurs pas une surprise, étant donné la proximité entre Ben Verwaayen, le directeur général d'Alcatel-Lucent arrivé en septembre 2008, et le géant de l'informatique. Lorsqu'il dirigeait BT, Verwaayen avait signé un accord commercial croisé avec le constructeur, via lequel les deux partenaires répondaient conjointement à des appels d'offres. Dès son annonce, le contrat d'externalisation chez HP s'était heurté à l'opposition des informaticiens d'Alcanet, qui ont organisé plusieurs mouvements de grève suite à l'annonce du contrat.
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